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Témoignages d'auto-entrepreneurs

Aurélie Boscart, conseillère en gestion de patrimoine “ Pas besoin de tout maîtriser à 100 % avant de se lancer !“

Publié le 24/09/2024
Aurélie Boscart, conseillère en gestion de patrimoine “ Pas besoin de tout maîtriser à 100 % avant de se lancer !“

Le travail, la persévérance et l’investissement dans son métier sont des valeurs qu’Aurélie Boscart a toujours suivies et appliquées. D’abord dans le marketing, mais l’anonymat et le fonctionnement des grandes entreprises ont eu raison de ce qui l’animait. Puis, dans le conseil en gestion de patrimoine, nouveau métier qui a ravivé sa flamme. Pour Espace Auto-entrepreneur, elle raconte son parcours et ce qui l’a mené à une nouvelle vie professionnelle… comme personnelle.

 

Tu as mené une belle carrière avant l’auto-entreprise. Qu’est-ce qui t’a amenée à quitter le salariat ?

J’ai commencé ma carrière dans le marketing digital, ça a duré 15 ans. J’ai travaillé dans deux entreprises différentes, évoluant de chef de projet jusqu’à responsable d’un service CRM (stratégie des relations entre les entreprises et leurs clients). L’histoire de ma vie professionnelle, c’est d'avoir intégré de grosses PME qui se sont toutes fait racheter à un moment ou à un autre par un groupe plus important. La première fois, je suis partie rapidement après le rachat, parce que j’étais très attachée à ce qu’était cette entreprise avant d’être absorbée. Et aussi par opportunité professionnelle, car ça m’a permis d’évoluer. La seconde fois, j’ai attendu de voir ce que cela pouvait donner. J’avais une place confortable dans cette entreprise, l’occasion de m’exprimer et surtout encore beaucoup de choses à apprendre. Mais j’ai appris également que les grands groupes n’étaient pas faits pour moi. Je préfère être quelqu'un, être reconnue pour mon travail et avoir une liberté d'action dans une PME, plutôt que d'être un matricule dans un grand groupe. Ce type de structures amène aussi beaucoup de politique interne qui prend le pas sur la qualité du travail, et j’avais l’impression de me trahir pour m’adapter à un nouveau système que je subissais. Ça ne me convenait plus. 

 

Comment a commencé ta réflexion sur un changement de voie professionnelle ?

Quand j’ai compris que l’entreprise dans laquelle je travaillais n’était plus la même et que mon poste allait évoluer, je me suis posé mille questions, jusqu’à envisager de devenir professeure de yoga ! Tout quitter n’a donc pas forcément été une évidence, d’autant plus pendant le Covid. Même si je me posais sérieusement la question, je me demandais quelle était la plus-value de quitter un poste et un salaire confortable pour l’inconnu. Alors, j'ai continué de travailler en essayant de mettre tous ces questionnements de côté. Jusqu’à ce que mon corps parle : un jour, je me suis réveillée couverte de plaques. J’allais partir en vacances, elles ont disparu pendant mes congés et sont réapparues à mon retour. Étant de nature travailleuse et persévérante, j’ai mis plus d’un mois à comprendre et à faire le lien avec un mal-être professionnel :  j’avais pourtant décidé que tous ces changements dans mon entreprise ne m’atteignaient plus. J’ai donc dit “stop” et j’ai commencé à activer quelque chose dans ma tête, une réflexion sur la suite et j’ai aussi arrêté de penser que quitter mon travail serait une forme de faiblesse : j’avais tout donné, ça n’était pas un échec. J’ai fini par demander une rupture conventionnelle, ce qui était déjà une première étape vers autre chose.

 

Aujourd’hui, tu es conseillère en gestion de patrimoine, comment en es-tu arrivé à ce nouveau métier ?

Grâce à une rencontre. J’étais accompagnée par un conseiller en gestion de patrimoine et, un jour où je devais le voir, je lui ai demandé de me parler de son métier. C’était vraiment par curiosité. Nous avons eu une longue et très intéressante discussion, jusqu'à ce qu’il me dise : “Tu adorerais ce métier !”. J’étais un peu sceptique sur mes capacités à me lancer là-dedans après 15 ans de marketing qui, pour moi, n’avait rien à voir. Il a eu raison et m’a rassurée sur le fait que j’avais le savoir-être, le savoir-faire que j’avais acquis et que le reste  s’apprenait. Puis, je me suis rappelé qu’à la base, j’avais un master 2 en gestion et une licence de comptabilité. À titre personnel également, les sujets liés à l’investissement m'intéressaient. Je ne viens pas d’une grande famille avec du patrimoine et je me suis toujours dit que si je voulais m’en construire un, il fallait commencer tôt. Ça a rouvert une part d’insouciance et de curiosité en moi et j’ai commencé à me dire : “Au pire qu’est-ce qu’il se passera ? Rien de grave, je reprendrais un CDI et puis voilà ! ” J’ai donc creusé le sujet puis j’ai tranché : “Allons-y ! ”. 

 

En quoi ton nouveau métier consiste-t-il ?

La gestion de patrimoine englobe plusieurs choses et peut concerner tout le monde, et c’est ça que je trouve intéressant. En premier lieu, on n’a pas besoin d’être riche pour consulter un gestionnaire de patrimoine. Les trois mots qui pourraient résumer le métier seraient : construire, développer, transmettre. J’apprends aussi à mes clients à se protéger : en cas de maladie, accidents entre autres, notamment quand on n’est pas salarié. Ça s’appelle la prévoyance. J’accompagne également des projets de vie. Par exemple, des gens qui ont des projets de maison secondaire pour la retraite ou qui cherchent à laisser quelque chose à leurs enfants, comme des personnes qui souhaitent simplement optimiser leur épargne. Cela concerne aussi la transmission d’entreprise ou la mise en place d’épargne salariale. C’est assez large et, finalement, 90 % de mon métier réside dans l’humain : il faut comprendre comment les gens fonctionnent, quelles sont leurs problématiques personnelles et familiales pour trouver les solutions qui leur conviennent. On rentre dans une certaine forme d’intimité.

 

Comment intervient le choix de l’auto-entreprise ?

Après une formation au format réadaptée pendant le Covid, c'est-à-dire d’abord en visio puis en présentiel, j’ai intégré le même réseau que mon propre conseiller, et c’est avec ce statut que cela fonctionnait. C’est un peu atypique, car je suis indépendante, mais je travaille avec un réseau de conseillers en gestion de patrimoine indépendants : on est collègues, mais chacun a son entreprise. C'est-à-dire que j’ai mon auto-entreprise tout en étant liée au réseau qui s’occupe de tout ce qui est administratif, comptable, informatique et me permet aussi d’avoir un bureau partagé. Je suis soumise aux mêmes règles qu’un auto-entrepreneur “classique”, sauf que je ne m’occupe pas de mon Urssaf par exemple, ce qui est très confortable. Cette formule m’a séduite, car ça me permet d’avoir les avantages de l’indépendance : la liberté, l’organisation autonome, le salaire en fonction du volume de travail… sans gérer le côté solitude. Après 15 ans de collectif, travailler totalement seule n’était pas envisageable. Aujourd’hui, je retrouve le plaisir d’échanger avec des collègues au bureau.

 

As-tu eu peur en te lançant dans cette nouvelle aventure professionnelle ? 

Au début, pas vraiment, car j’ai toujours été très travailleuse. J’en ai besoin et le côté un peu cliché de l’entrepreneur qui travaille tout le temps ne me faisait pas peur. Par contre, la surprise, c'est que juste avant de me lancer, j’ai découvert que j’étais enceinte. Se lancer en auto-entreprise enceinte, sans les avantages du salariat, ça, ça peut faire peur ! Est-ce que je profite de ma grossesse et j’attends ? Ou est-ce que je me lance tout de suite, et puis on verra bien ? La question se pose évidemment. J’ai choisi la seconde option : j’étais déjà en mouvement, je ne voulais pas m’arrêter en si bon chemin et mon réseau m’a rassuré sur ce choix. 

En revanche, j'ai eu quelques craintes sur la rémunération. Passer d’un salaire fixe et confortable à un salaire variable et inconnu et ne plus bénéficier des avantages d’un grand groupe (primes, bénéfices, congés, RTT etc…) n’est pas un choix facile, mais c’est faisable finalement.

 

Qu’est-ce que ce changement t'a apporté ?

Humainement, ça a changé ma manière de travailler, car je fonctionne uniquement à la recommandation. Le bouche-à-oreille me permet donc de travailler, à priori, avec des gens avec qui je partage les mêmes valeurs et avec qui on peut se comprendre. C’est très agréable par rapport à l’entreprise ou beaucoup de collaborations sont imposées. Professionnellement, ça m’a appris l’auto-discipline. En étant indépendant, on peut vite tomber dans l’oisiveté en cas de moment de creux. À l’inverse, on peut aussi ne plus avoir de frontière avec sa vie personnelle. J’ai appris à trouver mon équilibre, à ne pas culpabiliser d’aller au sport le matin quand je veux, à aller chercher mon fils plus tôt pour passer du temps avec lui, comme à travailler le week-end si j’en ai envie. J’apprécie tout particulièrement cette liberté, même si je rends quand même des comptes à mes clients. Elle me permet aussi d’avoir une vie de maman plus confortable en termes de gestion de temps. Avant, on me disait “ Mais pourquoi tu n’as pas d’enfants ?” et je répondais “ Parce que je n’ai pas le temps !”. Je passais ma vie dans les TGV ou en réunion. Aujourd'hui, j'arrive à garder une vie sociale et professionnelle très riche. Avoir un équilibre familial qui me convient bien et que je peux gérer à ma manière est un aspect très important pour moi. 

 

Quelles difficultés as-tu identifiées suite à ton changement de statut ?

Des difficultés plutôt par rapport à la gestion de l’argent. Comme je le disais, avant, je gérais mon quotidien de salariée : peu importe ce qu’il se passe d’un mois sur l’autre, tu gagnes la même chose. Partir en vacances trois semaines, être malade ou autre, ça n’a pas vraiment d’impact sur les finances. En indépendant, on gère les choses autrement. Si on part en vacances pendant un mois, on ne gagne pas d’argent. On se rend bien compte que si on n’a pas de clients, on n’a pas de salaire. Même si mon ambition n’est pas de gagner encore plus qu’avant, je souhaite vivre du métier qui m’anime, comme tout le monde finalement. Ça peut donc devenir un stress, surtout en cas de grosses fluctuations d’un mois à l’autre. 

 

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer ?

Je conseillerais de ne pas trop réfléchir et de foncer. Dans mon cas, pour rien au monde je ne reviendrais en arrière. Il ne faut pas trop se poser de question, ni tout connaître sur l’auto-entreprise : on apprend en marchant et c’est normal d’avoir peur ! Il y aura forcément des choses pénibles à gérer, mais ça n’est jamais 100% du travail. Dans mon cas, je ne regrette absolument pas du tout, même si j’ai vécu de belles années en entreprise. L’indépendance est souvent mise sur un piédestal en France, et même si j’ai fait ce choix, ça n’est pas une fin en soi. Si d'aventure, on revient au salariat, ça n’est pas un échec. L’important, dans tous les cas, est de trouver sa voie et ce qui nous anime. Que cela passe par le salariat comme par l’auto-entreprise. 

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le 17/01/2024

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le 01/05/2024

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le 17/04/2024

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le 08/05/2024

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