Après quelques années de salariat, c’est d’abord en France qu’Isaac Tarek se lance dans l’auto-entrepreneuriat et continue son métier de journaliste reporter d’image. Poussée par l’envie d’ailleurs, il s’expatrie au Danemark tout en restant indépendant. Ses années d’auto-entrepreneuriat l’ont amené à développer de nouvelles compétences qu’il continue à mettre au service de ses clients. S’occupant aujourd’hui des projets éditoriaux pour un magazine de e-santé, c’est de Copenhague qu’il nous raconte son histoire.
À la base, j’ai un diplôme de monteur vidéo cinéma. J’ai commencé à travailler comme salarié en 2014, à Paris, sur un campus en tant que réalisateur-monteur vidéo. Finalement, j’allais un peu plus loin que mon métier premier, car j’interviewais des élèves, des professeurs, des employés et je couvrais également les événements au sein des établissements présents sur le campus. On recevait parfois des hommes politiques de premier plan. J’ai donc appris le journalisme et le métier de reporter d’image. C’était à la fois intéressant et exaltant.
J’ai décidé de partir suite au rachat du campus par un gros groupe. Le poste s’est transformé et je suis devenu un rouage d’une plus grosse structure. À partir de 2017, je ne m’y retrouvais plus. J’ai demandé une rupture conventionnelle afin de pouvoir en sortir et d’écrire une nouvelle page de ma vie. À l’époque, j’ai longuement cherché du travail, mais je n’avais aucune réponse positive suite à mes candidatures.
J’ai décidé de souffler et de prendre des vacances, pour me recentrer et, en réfléchissant, je me suis dit : “ J’ai des compétences en vidéo et journalisme, vu que je ne trouve pas de travail, pourquoi ne pas créer mon propre travail ?”. En septembre 2018, je me suis lancé en auto-entrepreneur, toujours en tant que journaliste, reporter d’image. Je suis resté en France pendant 1 an, puis je suis parti vivre au Danemark, à Copenhague, où je suis toujours indépendant.
J’ai toujours été attiré par les pays scandinaves. On en parle comme les pays du bien vivre, du bien-être, et j’aime cette culture particulière, que ce soit dans le cinéma, la musique, la manière de vivre. J’en avais de bons échos par les élèves que je croisais sur le campus où je travaillais et, le fait que le Danemark soit élu “pays le plus heureux du monde” a participé à mon intérêt, même si bien sûr, c’est toujours à nuancer.
Puis j’en avais marre de la France, de Paris, d’une société “conflictuelle” dans laquelle on a du mal à faire des compromis, que ce soit entre nous ou même politiquement par exemple.
Les danois sont vraiment différents à ce niveau : les gens discutent, ne râlent pas tout le temps. La vie est plus apaisée au quotidien par rapport à Paris.
Oui, pour moi, c'était la manière la plus simple de vendre mes compétences “au plus offrant”. J’avais aussi un ami auto-entrepreneur qui faisait le même métier. On en a parlé, il m'a donné quelques tuyaux et ça m’a aidé à me décider. J’appréciais aussi le fait de ne payer des charges que si je gagnais de l’argent.
Ensuite, je me suis pas mal renseigné tout seul, sur internet où j’ai trouvé les informations dont j’avais besoin, et même dans un livre trouvé en bibliothèque. Ça m’a suffi pour me lancer.
Même si c’était un saut vers l’inconnu, j’ai trouvé ça franchement simple et rapide. Pour les déclarations, c’est la même chose, j’ai trouvé ça très facile à gérer aussi. Le plus compliqué a été de trouver mes premiers clients. Il faut démarcher sans cesse. Et lorsque l’on n’a pas de réponses, cela peut être décourageant. C’est un stress à gérer.
Au niveau administratif, en France, c’était beaucoup moins lourd qu’au Danemark où le premier statut de création d’entreprise est plus costaud. Ça doit être l’équivalent de l’entreprise individuelle.
Techniquement oui… mais quand je suis arrivé en 2019, il n’y avait pas d’accord fiscal entre le Danemark et la France. Comme j’étais encore immatriculé en France, donc avec une adresse fiscale française, cela engendrait une double imposition des revenus. pour éviter ça, j’ai clôturé mon statut en France. La meilleure solution était donc de créer le premier niveau de société au Danemark pour éviter ça. Je paye donc mes impôts au Danemark.
J’ai une préférence pour le système français. Chaque mois, on paye ses cotisations sociales en fonction de ses revenus, contrairement au Danemark, où l’on doit estimer ce que l’on va gagner à l’année pour que ce soit mensualisé. À la fin de l’année, tout est régulé selon le chiffre d'affaires déclaré. Heureusement, c’est modifiable au cas où on aurait surestimé ses revenus.
Un auto-entrepreneur français n’est pas obligé d’avoir de comptable, contrairement au Danemark. Celui-ci s’assure que ma comptabilité est conforme aux règles danoises, en comptant mes cotisations et mes déclarations d’impôts. J’ai donc deux comptes bancaires : un compte privé et un compte d’entreprise. Ce sont des frais en plus, mais du temps perdu en moins sur des déclarations. En France, j’étais beaucoup plus autonome par rapport à cet aspect administratif.
Pour moi, l’avantage, c'est que je suis beaucoup plus libre. Ça ne veut pas dire que je travaille moins, mais que je suis plus flexible. Je peux gérer mes horaires comme je le souhaite. C’est déjà une sacrée liberté de pouvoir moduler ses activités. Je trouve aussi que j’ai plus d’autonomie et de variété, car chaque jour est différent selon les clients et la mission. C’est stimulant et enrichissant pour l'esprit, d’apprendre à s’adapter à différents contextes, selon que je travaille pour une PME ou une grosse entreprise.
En tant que salarié, on n’a pas toujours la vision globale que peut avoir un chef d’entreprise, c’est beaucoup plus détendu d’une certaine manière. Le fait de devoir s’attaquer à des choix ou tâches d’entrepreneur, comme gérer son matériel, la relation client, ses devis, sa prospection… C'est à la fois moins rassurant, mais beaucoup plus responsabilisant. Aussi, dans le salariat, il y a une tendance à définir et limiter une personne par son poste. Il y a parfois tellement d’intermédiaires entre certains départements (pour les grandes sociétés) qu’il peut être difficile de communiquer et d’établir des relations saines et claires selon les échelons hiérarchiques. Aujourd’hui, je n’ai plus cette limite, car je travaille en direct avec mes clients.
Ça m’a permis de me dépasser et d’être plus actif, plus à l’affût des opportunités. Moi qui suis de nature plutôt introvertie, même si je sortais déjà de ma zone de confort dans mon précédent poste, je le fais encore plus aujourd'hui. Il faut se vendre, se présenter face aux gens, donc mieux se connaître pour savoir présenter ses compétences. Ça m’a rendu plus confiant.
J’ai aussi eu l'opportunité de faire autre chose, car aujourd’hui, je travaille au sein de la rédaction d’un média e-santé, où, au bout de cinq ans, j'ai pu évoluer sur des fonctions de management et de relations presse. Je supervise une équipe de journalistes, assurant la coordination des projets éditoriaux et la qualité des contenus produits. J’occupe un rôle important dans le développement et la gestion de partenariats stratégiques avec divers acteurs du secteur de la e-santé, favorisant des collaborations bénéfiques pour notre magazine. Je n’y aurais jamais pensé et j’ai pris ce chemin, car j’ai appris à apprécier les sujets d’avenir traités par ce média : intelligence artificielle, robotique, numérisation, sécurité informatique. C’est un cercle vertueux.
À moins d’un certain nombre d'années et d'une longue expérience, ça ne me serait jamais arrivé en tant que salarié dans une entreprise classique, où les évolutions de poste sont parfois limitées. L’indépendance m’a donc ouvert de nouvelles voies stimulantes et enrichissantes.
Je dirais de foncer, que ça ne peut être qu’une expérience à vivre, surtout quand on peut commencer avec la sécurité d’indemnités de rupture conventionnelle ou le chômage. Il faut réfléchir, mais pas trop quand même, sinon ça peut freiner l’initiative. Si on change de pays, je conseillerai quand même de bien se renseigner sur des choses auxquelles on ne pense pas, comme les équivalences de création d’entreprise, les accords fiscaux. Moi, je ne l’ai pas fait avant, et j’aurais dû ! Mais même avec cette petite erreur, je ne le regrette pas !
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Isaac Tarek - Journaliste, reporter d’image et commercial “Je ne trouvais pas de travail, alors j’ai créé le mien !”
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