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Témoignages d'auto-entrepreneurs

Pierre Fournier “Avoir l’idée du siècle, ça n’est pas forcément nécessaire pour se lancer en auto-entrepreneuriat. Il faut juste un bon savoir-faire. ”

Publié le 02/07/2024
Pierre Fournier “Avoir l’idée du siècle, ça n’est pas forcément nécessaire pour se lancer en auto-entrepreneuriat. Il faut juste un bon savoir-faire. ”

À la sortie de ses études, Pierre Fournier se lance dans la création d’une entreprise dans les réseaux sociaux. Quelques années plus tard, après un CAP de développeur web qui consolide ses acquis et quelques années en entreprise, il décide de lancer son auto-entreprise et propose aujourd’hui ses compétences en web, commerce et communication. Pour Espace Auto-entrepreneur, il revient sur son parcours, les enseignements qu’il tire de toutes ses expériences et nous parle de ses astuces pour gérer son quotidien.

Quel est ton parcours professionnel et comment es-tu devenu auto-entrepreneur ?

Je suis développeur web spécialisé en PHP, Wordpress, et intégrateur web (HTML, CSS, JS) et j’ai réouvert mon statut il y a un peu plus d’un an et demi. J’ai fait des études de communication et de gestion web, que j’ai poursuivi avec un CAP avec le CNAM  (Conservatoire National des Arts et Métiers) pour devenir développeur, ce que je fais principalement aujourd’hui.

Mon parcours professionnel est un peu particulier : à la fin de mes études, j’avais environ 25 ans, j’ai rapidement monté une petite agence digitale spécialisée dans les réseaux sociaux, en SARL, avec deux amis. Ça a duré presque 4 ans puis nous avons fermé l’entreprise.

Ensuite, avec mon CAP en poche, j’ai travaillé comme développeur en alternance dans une agence de communication. J’ai alors ouvert un premier statut d’auto-entrepreneur à la fin de mon alternance et je continuais à travailler pour cette même agence qui a fini par m’embaucher. J’ai donc mis fin à mon statut.

Au bout de 4-5 ans, c’était le moment pour moi d’évoluer et je me suis fait débaucher par une entreprise. La mission proposée ne m’a pas convenue et je suis parti au bout de 6 mois. J’ai tenté de nouveau d’intégrer une autre entreprise mais ça n’a pas fonctionné. De nouveau au chômage, j’ai commencé à me poser des questions: est ce que j’ai réellement envie de retenter le salariat ? Qu’est-ce que je pourrais faire ? Je me suis dit : tu connais ton métier, tu as de l’expérience en entreprise, tu connais ton produit et tu as un savoir-faire alors pourquoi ne pas recommencer en indépendant et voir ce que ça donne ! J’ai alors rouvert mon statut d’auto-entrepreneur. J’ai trouvé un premier client, ça m’a mis le pied à l’étrier.

Qu’est-ce qui t’a poussé à quitter le salariat finalement ?

Pour ma première expérience en entreprise en tant que développeur, je pouvais combiner à la fois mes compétences en développement web, commerce et communication. Mon poste était finalement assez hybride, voire multitâches. Mon implication évoluait en même temps que cette petite entreprise et ça convenait à tout le monde.
Quand on m’a débauché pour un poste équivalent sur le papier, les missions n’allaient pas dans le sens que j’espérais. Je ne me retrouvais pas complètement dans les perspectives qu’elles m’offraient, par manque d’autonomie et de diversité.

Pourquoi as-tu choisi ce statut plutôt que de remonter une entreprise par exemple ? 

Je trouve que ce statut est parfait pour tester, pour démarrer quelque chose. Il n’est pas exclu que je passe en entreprise un jour. Mais il faut se laisser du temps. Aujourd'hui, je ne vis pas entièrement de mon activité, je combine mes revenus avec mes indemnités chômage, ce qui est une chance en France. À un moment donné, si je dépasse la limite de chiffre d'affaires, il faudra que je réfléchisse peut-être à passer en EURL, et voir si c’est plus avantageux selon la tournure que prend mon activité.

Avec le recul, SARL ou micro-entreprise : quelle structure est la plus simple ?

Quand on a créé notre SARL, on était des newbies, clairement trop jeunes. On s’est lancé sans aucune expérience. Notre jeunesse était un atout parce que les réseaux sociaux émergeaient, mais notre manque d’expérience et de savoir-faire nous a rattrapés. Quand tu ne connais personne et que personne ne t’attend, tout est compliqué.

Au niveau des charges d’une part, tout est plus lourd dans une structure de type SARL plus complexe. Rien que la compta ça n’a rien à voir. En auto-entrepreneuriat, pas besoin de faire de bilan de fin d’année, pas forcément besoin de gérer la collecte de TVA, d’agrafer tous les tickets de caisse et de rechercher les factures. Et surtout, pas besoin de payer de comptable. C’est facilitant à ce niveau, c’est certain.  

D’autre part, au quotidien, la gestion de la micro-entreprise est bien plus simple. Personnellement, j’utilise un logiciel qui me facilite encore plus la tâche pour gérer ma comptabilité en ligne et principalement éditer mes devis et factures. C’est important pour moi d’avoir des documents propres, c’est plus professionnel, même s'il m’arrive encore de recevoir des documents d’entreprises sur Excel ! Avec ces petits logiciels, même si je n’en exploite pas toutes les fonctionnalités, on peut tout centraliser, c’est pratique au quotidien. Il y a plusieurs niveaux d’abonnements et on peut même lier le tout avec le site de l’Urssaf. 

Aujourd’hui, je suis beaucoup plus à l’aise pour me lancer en auto-entrepreneur, car j’ai plus d’expérience en entreprise, je connais bien mon produit, et grâce à tout ça, j’ai pu rencontrer des gens que je recroise et j’ai plus de réseau. J’aborde les choses complètement différemment à 38 ans qu’à 25 ans, c'est sûr.

As-tu identifié des difficultés liées à ce statut ?

Les difficultés sont avant tout financières, car les revenus sont très irréguliers pour le moment. Je fais beaucoup de devis, mais ça ne se conclut pas toujours, ou alors les projets sont décalés, internalisés… Tout peut arriver ! C’est compliqué de gérer ça et d’ailleurs, je demande toujours des factures d’acompte pour ne pas trop me mettre en difficulté.

Il y a aussi les délais de paiement qui entrent en jeu. J’attends un règlement qui vient d’être décalé à 4 mois, ça peut fragiliser les petits indépendants. À l’inverse, il m’est déjà arrivé d’être payé en avance pour un travail que je n’ai pas terminé. Un client qui n’a jamais plus répondu à mes mails et s’est volatilisé… Mystère.

Sinon, par rapport aux infos propres au statut en lui-même et a ses évolutions, je trouve que ça n’est pas très clair. J’ai dû contacter un conseiller BGE (un organisme qui accompagne la création d’entreprise), que je côtoie via mon ancienne création d’entreprise, pour comprendre notamment les histoires de versement libératoire et finalement, me rendre compte que ça n’était pas si avantageux que je choisisse ce système. Avec tous ces choix à faire et ces informations à comprendre, j’ai l’impression qu’il n’y a jamais de bonne réponse, car ça dépend toujours de ta situation et ça évolue dans le temps. On coche une case en début d’activité et, un an après, une autre case sera peut-être plus adaptée à une situation qui aura évoluée. Il faudrait un jour que je me dise : “ Tiens, je vais reprendre les 8 pages qui expliquent la différence entre régime réel et régime simplifié et ressortir toutes mes feuilles d’impôts pour comparer”. Il y a des gens qui savent faire ça, mais moi, dès qu’il faut aller rechercher des papiers, ça me fait suer.

Alors, je fais simple, je vais tous les mois sur le site de l’Urssaf, je déclare tout en étant sûr que parfois, je dois me tromper entre le BIC, le BNC. J’ai demandé à un comptable et même lui ne savait pas tellement m’expliquer la différence.

lightbulb Bon à savoir

En tant que développeur/développeuse Web, vous êtes imposé au titre des BNC (Bénéfices non commerciaux) comme précisé dans cet article

Aujourd’hui, qu’est-ce que ce statut a changé pour toi personnellement ?

Ça m’a apporté le luxe d’avoir du temps pour moi et de le gérer à peu près comme je veux.

Je n’ai plus d’horaires précis ou réguliers. Cela dit, ça peut être à double tranchant car dans ma nature, j’ai du mal à m’imposer des horaires et, quand on est indépendant, c’est un peu la base. J'ai plutôt tendance à procrastiner et à être bon au moment où il faut que je termine tout. Là, je peux tout donner ! De temps en temps, je vais me sentir surchargé et parfois, je me motive à fond une matinée pour aller faire du sport l’après-midi où passer du temps avec mon petit neveu après l’école. Je n’ai pas vraiment de règle.

Tu expliques que c’est important de savoir gérer son temps quand on est indépendant. Et toi, comment t’organises-tu ?

Pour éviter de trop procrastiner, j’essaye de découper mes deadlines et de caler mes rendez-vous à des moments stratégiques pour lancer ma journée, me motiver.

Depuis peu, je fais aussi du mentorat pour Open Classroom, qui fait de la formation en ligne. J'accompagne deux étudiants dans leur parcours de formation web WordPress. Le fait d’avoir une visio programmée une fois par semaine avec eux m’aide à maintenir un rythme de travail.

Aussi, je m’efforce de rencontrer les gens, en préférant les rendez-vous physiques aux visios par exemple. Rester tout seul chez moi devant mon écran toute la journée, ça n’est pas mon truc. Il y a des gens à qui ça convient bien, mais pas à moi. Je fais aussi partie de plusieurs réseaux que j’ai intégrés dès ma création de statut : la BGE Hauts-de-France ou Place de la Communication notamment. Ils organisent des événements divers et variés avec d’autres pros, ce qui, au-delà de briser la solitude et de rythmer tes journées, facilite les échanges sur les mêmes problématiques. Je me suis rendu compte que plus je voyais de personnes, plus ça débouchait sur des projets. Lors de mon premier événement avec d’autres pros, je suis reparti avec un devis. Alors que j’avais passé des heures à envoyer des mails et à contacter des prospects sur LinkedIn pour zéro retour. Je pense aussi que dans le microcosme entrepreneurial du Nord, il y a un côté convivial qui pousse à se rencontrer et que ça favorise la confiance alors que le plus beau des e-mails n’aura aucun impact tant qu’on ne te connaît pas.

Qu’est-ce que l’auto-entrepreneuriat t’a apporté de nouveau ?

La formation typiquement, c’est une opportunité qui est arrivée grâce à mon statut d’auto-entrepreneur. Ça m’intéressait et je m’étais déjà renseigné auprès du CNAM, après ma propre formation de développeur, pour savoir s'ils recherchaient des profs. Ils en cherchaient, mais il fallait justifier d’au moins un an et demi d’exercice en auto-entreprise pour être recruté, ce qui n’était pas mon cas à l’époque. L’auto-entrepreneuriat m’a clairement ouvert de nouvelles possibilités.

Puis, je suis développeur mais, grâce à mes études, j’ai un côté commercial et communicant fort que j’aime proposer à mes clients. Je vends un package avec accompagnement et gestion de projet en plus de la prestation pure de développement. En étant indépendant, je peux facilement développer ses compétences.

Aurais-tu des conseils à donner à quelqu’un qui souhaite se lancer ?

C’est facile à dire, mais le plus important selon moi, c’est juste de se lancer en fait. Bien avant de sauter le pas, j’y pensais sans jamais le faire. Et je ne sais même pas vraiment pourquoi en fait. Après mes deux dernières expériences en entreprise, je me posais trop de questions, je n’avais aucun frein et pourtant ça ne me faisait pas avancer. J’ai donc vu une coach. Ça n’a pas révolutionné mon état d’esprit du moment, mais comme j’avais rendez-vous un mois après avec comme objectif d’avoir créé mon statut, ça m’a mis une petite pression positive avec une dead-line : je ne voulais pas la revoir sans avoir rien fait. J’ai pensé à quelqu’un qui aurait peut-être besoin de mes services, on m’a dit banco et j’ai créé très rapidement mon statut. Et c’était fait. D'où l’importance de trouver son premier client. Souvent, ça fait effet boule de neige. Et on peut le trouver sans forcément avoir fait les démarches de création au préalable.

Je pense qu’il faut aussi absolument en parler autour de soi. La grosse erreur, c'est de rester dans son coin. La pire chose, c'est de se dire, “ j’ai une idée, mais je ne peux pas en parler…”, ce sont des restes de mes formations en création d’entreprise. Les gens n’ont pas le temps de s’arrêter sur une idée dont on ne veut pas leur parler, alors ils oublient et t’oublient. Avoir l’idée du siècle, ça n’est pas forcément nécessaire pour se lancer en auto-entrepreneuriat. Il faut juste avoir un bon savoir-faire, d’où l’intérêt peut-être d’avoir une petite expérience professionnelle avant quand même.

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le 01/05/2024

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le 06/12/2023

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le 31/01/2024

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