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Témoignages d'auto-entrepreneurs

Marion Brousse, coach en psychologie positive “L’auto-entreprise c’est être à son compte, sans lancer une machine de guerre “

Publié le 10/09/2024
Marion Brousse, coach en psychologie positive “L’auto-entreprise c’est être à son compte, sans lancer une machine de guerre “

10 ans de carrière dans le marketing, une belle famille, une vie joyeuse et bien remplie : sur le papier, Marion avait tout coché. Finalement, la vie étant pleine de rebondissements, elle s’est rendu compte qu’il lui manquait l’essentiel : être en harmonie avec elle-même. Pour Espace Auto-Entrepreneur, elle raconte les choix qui l’ont menée à l’auto-entreprise et à se spécialiser dans le coaching au féminin.

Quelle est l’activité que tu exerces en auto-entreprise ?

Depuis environ 2 ans maintenant, je suis coach en psychologie positive. J’accompagne des femmes qui souhaitent aller vers une vie plus épanouie, retrouver confiance en elles et du sens dans leurs choix professionnels comme personnels. Je les aide donc à mieux se connaître et à mettre en place les changements qui leur permettront de se réaliser, de trouver leur équilibre et de mener une vie qui leur corresponde plus. Pour cela, j’ai créé un parcours d’accompagnement appelé “EN-VIE” avec cette idée : “Créez-vous la vie qui vous donne envie”. Dans ce parcours d’environ 6 mois, je mixe à la fois coaching et formation. J’utilise différents outils comme des “vision boards” pour visualiser les objectifs, des sessions de coaching, des ateliers et exercices dédiés, des cahiers de cours, des conférences, mais aussi des week-ends. Je m’adresse exclusivement aux femmes car mon accompagnement repose sur leurs problématiques propres (confiance en soi, charge mentale, santé mentale, identification des talents…) afin de libérer leur potentiel et passer de la résignation à l’action.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer en auto-entreprise ? 

Suite à une pause professionnelle, j’ai commencé à me tourner vers le développement personnel et à travailler sur moi-même. J’ai trouvé ça particulièrement intéressant, car ça m’a aidée à comprendre ce dont j’avais besoin, ce qui passait en premier lieu par plus de liberté dans mon travail.
Ensuite, avec des amies, il y a maintenant 7 ans, j’ai monté l’antenne lilloise d’une association, le Curiosity Club, une structure qui organise des rencontres et événements dédiés aux femmes en mettant en avant des parcours et histoires inspirantes. Dans cette association, j’ai découvert tout ce qui était sororité, empowerment féminin. J'y organisais donc des événements, des conférences et ces activités m’ont amenée à répondre à une mission pour un cabinet de formation. Comme c’était rémunéré, j’ai créé mon statut d’auto-entrepreneur. C’est comme ça que j’y suis venue. C’était il y a quatre ans.

Comment s’est faite la bascule entre l’auto-entrepreneuriat via ton association et la création de ta nouvelle activité professionnelle ?

Il y a 3 ans, via mon activité dans l’association donc, j'ai été approchée par un cabinet qui faisait de la formation en psychologie positive et en psychologie de la performance. Connaissant ma petite expertise en problématiques rencontrées par les femmes grâce à mon implication dans le Curiosity Club, ils m’ont demandé de les aider à mettre en place le parcours de formation dédié aux femmes qu’ils souhaitaient développer. L’idée était de prendre en compte les problématiques rencontrées par les femmes dans le milieu professionnel et personnel, par exemple : entraîner sa confiance en soi, travailler l’affirmation de soi, réguler la charge mentale, devenir soi… J’ai saisi cette opportunité et le statut d’auto-entrepreneur a été facilitant, car je ne voulais pas être salariée, et ça me permettait de répondre facilement à la demande tout en continuant mon activité au sein de l’association. En travaillant avec eux, j’ai beaucoup appris. Pendant 1 an, j’ai monté ce programme et je l’ai animé. Ça m’a donné envie d’aller encore plus loin en entamant une formation professionnalisante avec une école de coaching. Quand ma mission s’est terminée, j’ai décidé de me mettre à mon compte. Je me suis dit : "qu'est-ce qui est facile à faire pour que je puisse travailler sans créer une boîte et mettre un capital ?”, et c’est le statut d’auto-entrepreneur qui s’est imposé. Aujourd’hui, je travaille donc en direct avec mes propres clients.

Peux-tu nous en dire plus sur le concept d’ “empowerment” ou de coaching féminin et pourquoi tu as choisi cette voie ?

C’est l’idée de redonner du pouvoir, de la puissance et donc une certaine forme de liberté aux femmes. Que ce soit dans ma vie personnelle comme professionnelle, j’ai toujours baigné dans une ambiance et des histoires liées aux femmes. C’est une cible avec laquelle je me sens légitime et qui m’intéresse grandement. J’ai lu beaucoup de bouquins, écouté, échangé avec beaucoup de femmes dans le cadre associatif, donc voilà pourquoi aujourd’hui, j’aime travailler autour de ce sujet en particulier. Ça me touche et me révolte parfois, car sans rien inventer, la plupart des femmes, plus ou moins consciemment, sont impactées par des problématiques liées au patriarcat au sens large. L’idée est de dépasser certaines injonctions sociétales, familiales, qui écrasent souvent les femmes, pour retrouver une réelle égalité entre hommes et femmes. Avec mon programme EN-VIE, j'essaie aujourd’hui de les aider à sortir des schémas de manque de confiance en soi, de crise de légitimité dont elles sont beaucoup à souffrir. Je rencontre des femmes, mères de famille qui pour la plupart ne trouvent plus vraiment le sens qu’elles cherchaient dans leur vie, dans les choix qu’elles ont faits. Ce qui m’anime, c’est d’essayer de rétablir leur équilibre professionnel et personnel, de les aider à reprendre leur place et à se réaffirmer.

Qu’est-ce qui te plaît dans ce statut par rapport à ton ancien statut de salariée ?

En travaillant sur moi-même, j’ai compris que j’avais besoin de me sentir libre. Ce statut me correspond donc dans la mesure où je peux organiser mon agenda et mon travail à ma manière. Il me permet aussi de me libérer du temps que je peux gérer comme je le souhaite ou presque. Ces deux dernières années, le fait est que j’en ai vraiment eu besoin : j’ai vécu un divorce, je suis devenue entrepreneur et maman solo, tout est arrivé d’un coup. L’indépendance a été hyper précieuse pour mettre en place une nouvelle vie, car j’avais envie de travailler de nouveau, et surtout être présente pour mes enfants dans la mise en place d’une garde alternée. Aujourd’hui encore, je peux choisir de travailler beaucoup plus quand je ne les ai pas et un peu moins quand ils sont avec moi.

Aussi, je ne me sens plus coincée dans une mission unique : cette diversité me plaît. Avec mes compétences, je peux répondre à plusieurs demandes, passer de la formation au coaching par exemple, ou alors les mixer selon les besoins. Je peux aussi facilement, si l’occasion se présente, réaliser des prestations pour des entreprises très différentes, sans que ce soit compliqué administrativement et sans être forcément salariée.

Je me rends compte aussi qu’être son propre “patron”, m’aide à aller au bout de mes idées, sans passer par un intermédiaire. Ça apporte un peu plus de confiance en soi. Avant, j'aurais eu tendance à demander un avis qui, en cas de retour négatif, m’aurait bloquée. Aujourd’hui, même si j’ai une mauvaise idée, au moins je peux aller au bout de mon cheminement pour m’en rendre compte !

Est-ce qu’au contraire, tu rencontres certaines difficultés ?

Ce qui me met en difficulté, c’est tout le côté “prospection”, presque marketing de soi-même. On a deux métiers en fait. Il y a le côté coaching que j’adore et le côté commercial qui est très compliqué pour moi. Je suis plutôt bonne dans le relationnel, mais j’ai beaucoup de mal à activer ce côté presque “chasseur”, que je n’ai jamais accepté, quelle que soit mon activité. J’aime sortir, rencontrer des gens, mais pas dans l’intention d’aller réseauter. Pour moi, c’est une limite à ce statut : il ne faudrait pas que la prospection prenne trop d’importance sur le métier et que ce soit déséquilibré. 

Est-ce que le fait d’être indépendant génère certaines peurs ?

À la base, quand je me suis lancée, j’avais déjà une mission en vue, donc je n’ai pas eu peur, c’était plus confortable. Mais c’est vrai qu’il y a un côté instable, voire précaire dans ce statut. Ça peut effrayer. Je pense que finalement, c'est plus lié à l’indépendance qu’au statut d’auto-entrepreneur en lui-même. C’est excitant pour tout ce qu’on s’est dit avant, mais peu rassurant, car on n’a pas de visibilité à long terme, pas de sécurité de l’emploi. Ce que je trouve insécurisant, surtout quand on est maman solo, c’est le côté retraite, prévoyance, chômage qui reste très flou. Tout le package qui est offert quand on est en CDI en fait ! J’ai toujours peur de ne pas pouvoir gérer si quelque chose me tombe dessus. 

Est-ce que tu sens que tu aurais besoin d’accompagnement sur certains points concernant le statut ?

Oui, ça pourrait être intéressant. Je ne suis pas du tout faite pour l’administratif, ceci-dit, je trouve que la gestion du statut n’est pas compliquée : je m’aide d’un logiciel de facturation pour y voir plus clair et j’ai choisi le prélèvement libératoire des impôts, ce qui me permet de les gérer plus facilement. Par contre, on manque d’information sur comment être pleinement protégé en cas de problème, maladie etc... Je ne mets même plus le nez dans le site de l’Urssaf, ça n’est pas clair du tout. Aujourd’hui, je ne sais même pas vraiment à quoi ça sert, ni ce que ça me donne comme droits ou pas d’ailleurs. Je cherche les infos là où je peux, auprès d’une amie gestionnaire de patrimoine notamment, qui m’a expliqué beaucoup de choses.

Comment vois-tu ton avenir : plutôt vers l’indépendance ou le salariat ? 

Pour le moment, le statut d’indépendant correspond parfaitement à ma situation. Je ne me ferme pas la porte au salariat, car je ne l’ai pas quitté parce que j’étais malheureuse, au contraire, juste parce que mon métier de chef de projet ne me permettait pas de m’épanouir et que je m’ennuyais. Ceci dit, dans mon métier, il y a très peu de salariés.

L’idéal pour moi serait, pourquoi pas, de trouver un contrat fixe pour une entreprise et continuer seule à côté. Retourner travailler en entreprise serait aussi renoncer à une certaine forme de liberté, c’est un choix compliqué quand on y a goûté. Je pense que tout ça dépendra grandement de l’évolution de mon activité.

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’auto-entrepreneuriat ? 

Je conseillerais d’y aller, car on ne prend pas de risques. C’est un statut peu engageant financièrement comme on ne paye ses charges qu’en cas de recettes. Ça donne quand même une opportunité de tester, de goûter à cette liberté, à cette nouvelle façon de vivre ou d'exercer un métier. Je fais partie d’une génération pour laquelle le CDI était le Graal, je trouve que ça permet de tester un autre mode de vie avec les avantages et les inconvénients que nous avons évoqués… En coaching plus particulièrement, on nous apprend qu’il faut quelques années avant de pouvoir vraiment s’installer. Il est donc conseillé de se diversifier : l’auto-entreprise est donc le statut idéal pour toucher à d’autres choses, liées à mon domaine, comme la formation par exemple. 

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