Souvent comparés pour leur simplicité de gestion et leur souplesse, le portage salarial et l’auto-entreprise présentent pourtant un certain nombre de différences. Pour trouver le statut adapté à son activité et à son projet d’entreprise, il convient donc de comparer ces deux régimes.
Le portage salarial est à mi-chemin entre une activité indépendante et une activité salariée. Il fait intervenir trois parties :
le salarié porté qui dispose d'un contrat de travail et recherche lui-même ses clients ;
l'entreprise de portage salarial qui salarie le travailleur et qui s'occupe de toute la partie administrative ;
et des clients qui sont facturés par l’entreprise de portage salarial et pour qui le salarié porté effectue des prestations.
Le client final, la société de portage et le salarié porté sont liés par un contrat de prestation qui détaille la mission : rémunération, périmètre, frais remboursés, obligations du salarié porté (par exemple clause de non-concurrence).
Le portage salarial permet à un travailleur d'exercer son activité de façon autonome, tout en bénéficiant de certains avantages liés au statut de salarié. À titre d'exemple, vous pouvez bénéficier de congés payés, néanmoins les indemnités de congés payés sont intégrées chaque mois à la rémunération du salarié porté.
Bon à savoir
Pour le salarié porté, le portage salarial présente un certain nombre d'avantages au quotidien.
La simplicité administrative : contrairement au statut d'auto-entrepreneur qui nécessite la création d'une micro-entreprise et la gestion de l’administratif, le salarié porté n'a aucune démarche à réaliser. Il est en effet salarié et confie donc toute la partie administrative à l'entreprise de portage salarial.
Le décompte des charges : dans certains cas, le salarié porté peut déduire ses frais de mission (déplacement, restauration, etc.) et ses frais de fonctionnement (téléphone, fournitures, etc.) de sa rémunération.
La protection d'un salarié : non seulement le travailleur peut bénéficier de congés payés, mais il cotise également au chômage. Le salarié porté bénéficie de la mutuelle de l'entreprise de portage, mais il finance à la fois les parts patronales et salariales. En outre, certaines entreprises de portage proposent des avantages annexes tels que des tickets restaurant, un comité d'entreprise (CE), des chèques vacances ou encore des chèques-cadeaux de Noël. Bien que le salarié porté doive prendre en charge l'intégralité du coût de ces avantages, cela lui permet d'optimiser son revenu, car les montants versés pour ces avantages ne sont pas soumis aux cotisations sociales.
La liberté d'un indépendant : bien qu'il soit salarié, le travailleur est libre de son planning, de sa clientèle, des négociations tarifaires et de la prospection de nouveaux clients. Il conserve donc le choix sur les entreprises pour qui il travaille et le prix de ses prestations.
Lissage de salaire : Le portage salarial offre la possibilité, à la demande du salarié porté de lisser son salaire sur plusieurs mois. Cela présente deux avantages majeurs : tout d'abord, cela permet de recharger ses droits au chômage, et ensuite, cela peut aider à rester en dessous d’un certain seuil d’imposition, facilitant ainsi une meilleure gestion des revenus.
Malgré la protection qu’il apporte, le statut de salarié porté n’est pas non plus sans inconvénients.
Une rémunération plus faible : Bien que la rémunération brute minimale en portage salarial soit fixée à 2 517,13 € par mois, le salaire net représente environ 50 % du chiffre d'affaires facturé. Cela s'explique par le fait que la société de portage prélève d'abord ses frais de gestion, puis établit la paye du salarié porté. Contrairement à d'autres statuts comme celui de la micro-entreprise, c'est le salarié porté qui prend en charge à la fois les cotisations patronales et salariales, ce qui réduit significativement la rémunération nette finale.
Un statut d’expert : Bien que le portage salarial soit désormais accessible aux non-cadres, il s'adresse principalement à des experts disposant d'une solide expérience dans leur domaine (consultants, informaticiens, ingénieurs, anciens dirigeants, etc.). Ce statut est donc moins pertinent pour les profils moins qualifiés ou moins expérimentés. Par ailleurs, seules les activités de prestations de services peuvent être exercées sous ce régime, à l'exception des professions réglementées telles que les experts-comptables.
Des contraintes financières : les sociétés de portage salarial appliquent généralement un pourcentage de frais de gestion, souvent plafonné. Par exemple, certaines entreprises comme Embarq facturent 6 % de frais de gestion jusqu'à un plafond de 600 € par mois. Ainsi, pour une facturation allant jusqu'à 10 000 € par mois, le salarié porté verra ses frais augmenter en proportion de son chiffre d'affaires. Au-delà de ce seuil, les frais sont plafonnés, rendant le coût dégressif pour ceux facturant de gros montants. D'autres acteurs, comme Jump, proposent des forfaits fixes plus abordables, entre 100 et 150 € par mois. Toutefois, une contrainte importante du statut réside dans le mode de facturation : le salarié porté ne peut travailler qu'en B2B, excluant les clients particuliers, et ne peut avoir plus de 3 à 4 clients simultanément sous peine de compliquer le processus de facturation et de paie.
Des incertitudes sur le statut : le travailleur doit signer un contrat de portage salarial en CDD ou en CDD avec l'entreprise de portage. Néanmoins, certaines zones de flou peuvent l'entourer, notamment en ce qui concerne le lien qui unit les deux parties et la durée du contrat.
À noter
Bon à savoir
L'entreprise de portage n'a pas le droit de mettre en relation les freelances avec des clients, car cela est interdit.
Avant de trancher entre les deux statuts, il convient de connaître l es avantages et les inconvénients du statut d’auto-entrepreneur. Intéressons-nous tout d’abord aux atouts de la micro-entreprise.
Un statut ouvert à tous : contrairement au portage salarial, de nombreuses activités peuvent être exercées sous le régime de la micro-entreprise. De plus, il est possible de cumuler plusieurs statuts avec celui d'auto-entrepreneur, dont celui de salarié, de retraité ou d'étudiant par exemple (sous conditions).
Un cadre fiscal avantageux : en plus d’être exonéré de TVA, l'auto-entrepreneur doit s'acquitter de charges sociales réduites (entre 12,3 et 21,2 % de son chiffre d'affaires selon son activité). S’il ne réalise pas de chiffre d’affaires, il n’a d’ailleurs absolument aucune cotisation à verser.
Des aides financières : il existe de nombreuses aides destinées aux micro-entrepreneurs afin de soutenir la création ou le développement de leur activité. C’est tout particulièrement le cas de l’ACRE qui permet de profiter d’une exonération partielle de charges sociales durant la première année d’activité.
Un patrimoine personnel protégé : depuis 2022, le patrimoine personnel et le patrimoine professionnel de l'auto-entrepreneur sont distingués. Désormais, seul l'actif servant à l'activité peut donc faire l'objet d'une saisie.
Tout comme le statut de salarié porté, celui de micro-entrepreneur présente certaines limites.
Un chiffre d’affaires plafonné : pour conserver le bénéficie du régime de la micro-entreprise, le travailleur ne doit pas dépasser un certain plafonds de chiffre d'affaires. Il est de 77 700 ou de 188 700 € par an selon la nature de l'activité. Au-delà, il bascule automatiquement dans un autre régime.
Une mauvaise couverture sociale : contrairement au salarié porté qui peut profiter de la mutuelle de l’entreprise de portage, l’auto-entrepreneur est beaucoup moins bien protégé. Non seulement le calcul de ses droits à la retraite est désavantageux, mais ses indemnités journalières en cas d'arrêt sont moindres. De plus, il ne cotise pas au chômage.
Des frais non déductibles : l’auto-entrepreneur ne peut pas déduire ses frais de fonctionnement de son chiffre d’affaires. De plus, il est parfois nécessaire d'inclure certains frais dans le prix de vente, comme l'achat de matière première par exemple, ce qui augmentera le montant du chiffre d'affaires et des cotisations.
Pour simplifier votre choix entre portage salarial et micro-entreprise, retrouvez les différences des deux statuts point par point.
|
Portage salarial |
Micro-entreprise |
Le créateur |
Salarié porté |
Micro-entrepreneur |
Associé(s) |
Aucun |
Aucun |
Dirigeant |
Société de portage |
Micro-entrepreneur |
Capital social |
Aucun capital requis |
Aucun capital requis |
Activités exclues |
Activités agricoles, artistiques, médicales, paramédicales, judiciaires, juridiques, d'assurances, financières, commerciales (telles que la vente de produits) ou encore de production
|
Activités agricoles, artistiques, journalistiques, immobilières, médicales, paramédicales, judiciaires, juridiques, assurantielles et financières |
Personnalité juridique |
Aucune : l’entrepreneur est salarié par la société de portage |
Personnalité physique |
Statut de l'entrepreneur |
Salarié de l’entreprise de portage |
Micro-entrepreneur |
Formalités de création |
Contrat de travail avec la société de portage
|
Déclaration de début d’activité sur e-Procédures |
Obligations comptables |
Comptabilité gérée par la société de portage |
Livre de recettes Registre des achats (pour une activité commerciale) Déclaration du chiffre d'affaires Ouverture d'un compte bancaire |
Plafond de chiffre d'affaires |
Pas de plafond de chiffre d'affaires |
77 700 ou 188 700 € selon la nature de l'activité |
Cotisations sociales |
Environ 50 % du chiffre d'affaires |
Entre 12,3 et 24,6 % du CA |
Régime fiscal |
Salaire soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu (IR) |
CA soumis à l'IR ou au versement libératoire sur option |
Particularités fiscales |
IR : salaire intégré aux revenus du foyer |
Abattement forfaitaire sur le chiffre d’affaires de 34, 50 ou 71 % IR : chiffre d’affaires après abattement intégré aux revenus personnels et soumis au barème progressif Versement libératoire : 1 %, 1,7 %, ou 2,2 % du chiffre d’affaires. TVA : franchise en base de TVA jusqu’à un certain seuil de chiffre d’affaires Assujetti à la Cotisation foncière des entreprises (CFE) dès la 2e année |
Régime social |
Régime général des salariés |
Régime des travailleurs non-salariés (TNS) |
Avantages |
Signature d’un contrat avec la société de portage : aucune création de société Moins de formalités administratives Remboursement des frais professionnels Congés payés (les indemnités de congés payés sont intégrées chaque mois à la rémunération)
|
Création simplifiée et simplicité administrative (par rapport à d’autres statuts) Indépendance totale : liberté de gérer son activité Exonération de TVA Cotisations sociales basées sur le CA Facilité de gestion Acre Pas de charges si pas de chiffre d’affaires |
Inconvénients |
Commission d’environ 50 % du chiffre d’affaires Rémunération potentiellement inférieure |
Plafonnement du chiffre d'affaires : le dépassement entraîne un changement de régime Moins de protection sociale (retraite, santé) Charges non déductibles, y compris les frais réels engagés (stocks, assurance, déplacements, etc.) Formalités administratives Cotisations basées sur le CA |
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