Bonne nouvelle : il est possible d’exercer la profession de restaurateur d’art en auto-entrepreneur. Mais avant de créer votre auto-entreprise de restauration d’œuvres d’art, il est important de connaître les particularités du métier, les obligations déontologiques, les seuils de chiffre d’affaires ainsi que les formations qualifiantes. On fait le point !
Le restaurateur d’art en auto-entreprise : l’essentiel à retenir
Les auto-entreprises de restauration d'œuvres d'art répondent à certaines caractéristiques spécifiques qu'il est important de connaître.
- Votre Centre de formalités des entreprises (CFE) : la CMA (Chambre de Métiers et de l’Artisanat).
- Votre plafond de chiffre d'affaires : 77 700 €.
- Votre taux de cotisations sociales : 21,2 %.
- Votre catégorie d'imposition : BIC (Bénéfices industriels et commerciaux).
- Votre code APE : 03A - Création artistique relevant des arts plastiques.
- Votre rémunération : 1 900 €/mois en moyenne.
Les missions d’un restaurateur d’œuvres d’art indépendant
Le restaurateur d'art auto-entrepreneur a une double casquette : la restauration et la conservation préventive d'une œuvre ou d'un objet d'art. Plus concrètement, sa mission est d'assurer la sauvegarde de biens culturels abîmés, fragilisés ou menacés, dans le but de leur redonner une apparence proche de leur état initial, sans pour autant effacer les traces des éventuelles interventions extérieures. Ce travail peut être mené sur de nombreux biens, tels que des tableaux, du mobilier, un bâtiment, des fresques ou encore des objets d'artisanat anciens.
Pour mener à bien son travail, le restaurateur-conservateur d'art en auto-entreprise s'attache à respecter 5 grands principes :
- la lisibilité qui impose que la partie restaurée puisse être distinguée de la partie originale ;
- la réversibilité qui exige que la restauration réalisée puisse être retirée ;
- la compatibilité qui impose que les produits utilisés soient compatibles avec les matériaux d'origine ;
- la stabilité qui vise à ce que les interventions puissent durer dans le temps ;
- et le respect de la création originale qui interdit de recréer un élément disparu pour lequel le restaurateur ne dispose pas d'une documentation suffisante.
Au quotidien, le restaurateur d’œuvres d’art auto-entrepreneur pourra principalement effectuer trois prestations différentes.
- Le diagnostic : grâce à son expertise, il va donner son avis sur l'état d'un bien culturel, sur la pertinence d'une restauration, sur les interventions nécessaires et sur le coût d'une éventuelle restauration.
- La restauration : selon les interventions nécessaires, il va nettoyer, dépoussiérer et retoucher les biens culturels afin de leur offrir une seconde jeunesse. Ce travail est toutefois réalisé dans le respect de l'œuvre originale, tant d'un point de vue esthétique qu'historique.
- La conservation : cette tâche préventive consiste à intervenir sur l'environnement autour du bien culturel afin de limiter les dégradations et de prolonger sa durée de vie. C'est notamment nécessaire pour les fresques ou pour les monuments. Pour y parvenir, il sera possible de jouer sur l'environnement extérieur (température, taux d'humidité, exposition, etc.) ou de déplacer l'objet d'art concerné.
Les qualités d’un restaurateur d’art en auto-entreprise
Le métier de restaurateur d'art étant à la fois exigeant, encadré et concurrentiel, un certain nombre de compétences sont indispensables pour l'exercer.
- Des connaissances techniques et historiques : bien évidemment, la restauration-conservation d'art ne s'improvise pas. Elle demande de nombreuses connaissances et aptitudes techniques afin d'intervenir dans le respect du bien culturel et des règles déontologiques qui encadrent la profession. À ce titre, des bases en histoire sont également indispensables afin d'être en mesure d'appliquer des traitements adaptés et en adéquation avec la période à laquelle l'objet a été fabriqué.
- La rigueur : car il intervient sur des objets précieux, le restaurateur d'art en auto-entreprise doit être méticuleux, méthodique dans ses interventions et précis. Être passionné est d’ailleurs généralement une condition importante pour exercer ce métier, tant les procédures à respecter peuvent s’avérer contraignantes.
- La gestion administrative : on l'oublie trop souvent, mais ce métier exige également de consulter de nombreuses ressources historiques et d'enregistrer ses procédures. Il faut donc être à l'aise avec cette partie administrative, dans la mesure où elle est indispensable pour préserver les qualités d'un bien culturel à long terme et permettre d'autres interventions par la suite.
Les formalités pour devenir restaurateur d’art auto-entrepreneur
La formation d'un restaurateur d’œuvres d’art en auto-entreprise
Vous l'aurez compris, la restauration-conservation de biens culturels demande des compétences et des connaissances spécifiques. Un constat d'autant plus vrai qu'il est généralement nécessaire de se spécialiser sur un ou plusieurs supports : les monuments, les métaux, la peinture, le papier ou encore le mobilier. Pour acquérir ces bases historiques, théoriques et pratiques, il est donc recommandé que l’auto-entrepreneur suive une formation de restauration-conservation d'œuvres d'art. Bien que cette démarche ne soit pas obligatoire, elle s'avère indispensable pour disposer des compétences indispensables. Plusieurs choix s’offrent d’ailleurs à lui :
- les formations professionnelles après le collège pour s'initier au métier (BMA ébéniste, CAP décoration en céramique, Bac Pro tapisserie d'ameublement, etc.) ;
- le DMA (Diplôme des métiers d'art) en 2 ans après le bac ;
- le DN MADE (Diplôme national des métiers d'art et du design) en 3 ans après le bac ;
- le Master de conservation-restauration des biens culturels (CRBC) de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne en 5 ans (cursus « Méthodologie et pratique de la conservation-restauration ») ;
- le Diplôme de l’institut national du patrimoine, département des restaurateurs, en 5 ans ;
- le Diplôme de l’École supérieure d’art d’Avignon (mention « Conservation-restauration ») en 5 ans ;
- le Diplôme de l’École supérieure d’art et de design TALM (mention « Conservation-restauration des œuvres sculptées ») en 5 ans.
La réglementation autour de la restauration d’œuvres d’art
Le restaurateur d'art auto-entrepreneur est soumis à une méthodologie et à une déontologie strictes. Son travail est encadré par plusieurs codes et textes de loi, dont la Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites (plus connue sous le nom de Charte de Venise) qui dresse toutes les obligations auxquelles doit se conformer le restaurateur.
La réglementation impose également au restaurateur de biens culturels de souscrire une assurance de responsabilité civile professionnelle. La RC Pro de l’auto-entrepreneur vise à couvrir les dommages matériels et physiques qu’il pourrait occasionner à un tiers dans le cadre de son activité. Dans certains cas, une assurance des stocks de marchandises sera également nécessaire, notamment si vous entreposez des objets onéreux ou que vous transportez des biens culturels.
Les règles d’une auto-entreprise de restauration d’art
Comme tout autre auto-entrepreneur, le restaurateur-conservateur d’œuvres d’art doit respecter les formalités qui régissent le régime de la micro-entreprise.
- La déclaration d’activité : pour créer votre auto-entreprise de restauration d’art, vous devez obligatoirement vous inscrire en ligne, notamment sur le portail e-Procédures de l'INPI ou via le service proposé par Espace Auto-Entrepreneur par exemple.
- L’immatriculation : en tant qu’artisan dépendant de la CMA (Chambre de Métiers et de l’Artisanat), le restaurateur d’art auto-entrepreneur doit s’immatriculer au Répertoire des métiers (RM) dans le mois qui suit la création de son activité.
- Le suivi du chiffre d’affaires : si vous ne réalisez pas de revente de fournitures, votre chiffre d’affaires annuel doit être inférieur à 77 700 €. Si vous dépassez ce plafond pendant 2 années de suite, vous sortez du régime de l’auto-entreprise.
- Le paiement des charges : votre déclaration de chiffre d’affaires se fait mensuellement ou trimestriellement. À cette occasion, vous devez vous acquitter des cotisations sociales, dont le montant correspond à 21,2 % de votre chiffre d’affaires.
- Les devoirs comptables : tenue d’un livre des recettes, tenue d’un registre des achats, déclaration de la TVA, ouverture d’un compte bancaire dédié à votre activité… autant d’obligations comptables qui peuvent également vous concerner.
Les bases pour devenir restaurateur d’art en auto-entreprise
Les débouchés professionnels pour un restaurateur d’objets d’art en auto-entreprise sont relativement limités, dans la mesure où la demande est encore peu développée. Pour mettre toutes les chances de votre côté, il convient donc d’adopter plusieurs réflexes :
- élargissez votre clientèle en développant une expertise auprès des organisations publiques (conseils régionaux, Musées de France, etc.), des organisations culturelles (musées privés, fondations, etc.) et des clients privés (particulier, antiquaire, collectionneur, etc.) ;
- entretenez de bonnes relations avec d'autres restaurateurs pour vous recommander mutuellement sur des projets où des compétences spécifiques sont nécessaires ;
- gardez contact avec vos précédents clients et les personnes que vous avez rencontrées durant vos stages professionnels afin d’être sélectionné lorsqu’un nouveau projet se présente ;
- rapprochez-vous d'organisations professionnelles - comme la FFCE (Fédération française des professionnels de la conservation-restauration) par exemple - pour développer votre notoriété.