20 ans de réflexion : c’est le temps qu’a pris Charlotte Conjaud pour trouver sa voie et être alignée avec elle-même. Après une longue carrière dans le marketing et la communication, quatre enfants et des épreuves de la vie, Charlotte a eu besoin de se recentrer sur elle-même. C’est décidé, elle deviendra naturopathe indépendante pour prendre soin des gens comme elle l’a fait pour elle-même.
J’ai une formation d’école de commerce et j’ai commencé ma carrière en tant que chef de projet marketing pour de gros groupes dans les télécom et l’agroalimentaire. J’ai exercé ce métier entre la France, l’Allemagne et la Belgique.
Après 10 ans dans cette profession, j’ai eu mon premier enfant et on m’a diagnostiqué une maladie auto-immune qui m’a contrainte à un arrêt maladie de 2 ans. J’avais 30 ans, ça a été une grosse claque qui m’a aussi fait prendre conscience que, même si j’étais rigoureuse et reconnue dans mon travail, je n’étais pas animée par ce que je faisais. Tout en me soignant, j’ai commencé à réfléchir à mes priorités et j’ai décidé de ne pas reprendre le travail tel que je le faisais : trop de pression, pas assez de passion. J’ai profité de cette période pour reprendre des études, car j’avais besoin de me nourrir mentalement. J’ai alors fait un master en science de l’information et du document. Sans le savoir, je me rapprochais du monde de la santé : j’ai fait deux missions de stage pour un CHU et un laboratoire médical que j’accompagnais dans la transition numérique de leurs documents. J’ai cherché du travail dans ce domaine, sans succès. Au même moment, grâce à un membre de ma famille, j’ai pu intégrer une association de solidarité internationale dans la mise en place de projets d’élevage familial dans les pays en développement, pour aider les foyers les plus démunis à gagner en autonomie alimentaire. J’étais responsable de la recherche de financements et de la collecte de fonds privés comme publics. Ça a duré 10 ans avant que je décide de devenir naturopathe.
J’avais des responsabilités et je menais de grosses missions de développement de produits et de services. Je pense que je faisais bien mon travail et j’en étais satisfaite. Avec le recul, je me rends compte que je travaillais dans le stress avec cette peur de “mal faire”. Finalement, ça n’était pas fait pour moi et je n’y trouvais pas réellement de sens. J’étais là à ce moment-là. L’expérience de la maladie, la naissance de ma fille et une séparation avec elle difficile à vivre à la reprise du travail ont commencé à marquer un tournant. J’avais également un rythme effréné entre la France et la Belgique qui me faisait culpabiliser en tant que jeune maman. Puis, j’avais aussi le sentiment que je pouvais m’accomplir ailleurs, dans quelque chose qui me correspondrait mieux, mais je ne savais pas encore dans quelle voie.
Certes, je me suis plus épanouie dans mon second poste de responsable partenariats pour l’association de solidarité internationale, car j’y trouvais du sens, j’avais le sentiment d’être utile. Cependant, je ne sais pas réellement l'expliquer, je sentais quand même que j’étais appelée à faire autre chose et, au bout de 10 ans, je commençais à me lasser. C’est aussi sur ces années-là que j’ai commencé à vraiment m’intéresser à la médecine au naturel, pour mon cas personnel, sans véritablement penser qu’un jour, j'en ferai mon métier.
Je pense que la maladie m’a fait changer de vision sur la vie. Pendant 5 ans après l’annonce du diagnostic, je travaillais tout en suivant un traitement lourd et contraignant. Mais j’avais toujours besoin de comprendre le pourquoi de tout ça : d’où ça venait ? Comment je pouvais agir à ma façon ? J’ai consulté une multitude de thérapeutes et c’est dans la naturopathie que j’ai trouvé des clés pour avancer sur le chemin de la rémission. Je m’y suis intéressée pendant plusieurs années. Je lisais énormément sur le sujet, puis j’ai commencé à changer mon alimentation, mon mode de vie, mon rythme de sommeil. Le fait de reprendre en main ma santé de cette manière a eu des impacts plus que bénéfiques sur la progression de ma pathologie. Puis, je me suis rendue compte qu’au-delà de mon cas personnel, la santé au naturel m’intéressait vraiment beaucoup. J’ai donc pris quelques mois pour réfléchir, étudier les débouchés, les formations, la zone de chalandise autour de moi puis, j’ai pris la décision de devenir naturopathe. À 44 ans, après avoir obtenu une rupture conventionnelle, j’ai commencé un nouveau cursus de 2 ans avec ADNR Formation, un centre reconnu dans la pratique de la naturopathie. Dès le début de la formation, je savais que je voulais en faire mon métier, j’avais enfin trouvé ma voie. J’ai ouvert mon statut d’auto-entrepreneur dans la foulée, il y a donc environ 1 an.
J’ai trouvé la création assez simple car, pendant la formation, on a eu un module dédié à la création d’entreprise. C’était très complet et ils nous ont vraiment guidés, presque pas à pas. Ça m’a beaucoup aidée même si j’avais quand même l’habitude de gérer de gros dossiers administratifs, notamment dans mon métier de recherches de financement et de mécénat. On a beaucoup de chance, car le centre de formation nous suit également sur une longue période après la certification, justement pour continuer à nous aider dans nos démarches.
Après, je ne cache pas que si je n’avais pas eu cette formation, j’aurais certainement eu des difficultés. Il y a plusieurs choix à faire dont les conséquences ne sont pas si simples à comprendre : au niveau des impôts ou des aides possibles. Il y a certaines formulations de phrases que j’ai dû relire plusieurs fois pour être sûre de comprendre. Finalement, ça n’est pas si clair que ça pour tout le monde. L’accompagnement dont j’ai bénéficié m’a beaucoup servi !
Ça a changé beaucoup de choses, c’est comme si j’avais fait un saut dans l’inconnu. Déjà, je suis mon propre patron pour la première fois de ma vie, il faut donc apprendre à s’imposer une certaine rigueur pour gérer son rythme de travail avec celui de la famille. Il a fallu que je gère pas mal de choses dès le début : trouver un cabinet pour exercer, développer un site internet, quelques outils de communication, un logo… Ce sont des choses qui m’étaient familières, mais avant, je ne le faisais pas pour moi ! Ensuite, j’ai développé mon réseau en rencontrant d’autres thérapeutes, en cherchant à créer des liens dans la profession.
Aujourd’hui, avec 4 enfants de 3 à 17 ans, cette nouvelle flexibilité convient bien mieux à notre vie de famille. Je peux passer du temps avec eux et gérer les conduites et imprévus. Cette liberté est plus qu’appréciable, c’est vraiment le gros avantage. Pour autant, il faut savoir garder un bon équilibre et ne pas se laisser happer au détriment du développement de son activité professionnelle.
Tout cela a aussi boosté ma confiance en moi, ce que je ressentais beaucoup moins avant. Comme je me sens vraiment alignée avec moi-même dans ce nouveau métier, je suis convaincue que ça me correspond et que je peux faire du bien aux gens. Aujourd’hui, je suis heureuse de partager les merveilles de la naturopathie au plus grand nombre pour prendre soin des gens comme je l'ai fait pour moi. J’aide mes clients à comprendre la cause de leurs maux (problèmes digestifs, maladies et douleurs chroniques, effets secondaires de traitements, troubles de l’attention…), c’est très varié et j’aime les aider à retrouver l'équilibre du corps et les soulager. Leurs retours positifs me confortent encore plus !
Il y a quand même des inconvénients : le côté “social” de l’entreprise me manque parfois. J’ai un peu de mal à gérer la solitude. C’est pour ça que je pense à intégrer un cabinet pluridisciplinaire où j'aurais des collègues d’horizons différents, pour un bénéfice thérapeutique encore plus important pour les clients.
L’incertitude financière, c’est aussi nouveau pour moi. Il faut savoir composer avec les difficultés à se projeter sur du long terme financièrement. Là, ça fait juste un an, il faut que mon activité se développe et ça n’est pas toujours facile de trouver des clients. C’est surtout du bouche-à-oreille, alors il faut se construire un réseau. Heureusement, j’ai de la chance d’être soutenue par mon mari, qui lui est toujours salarié. Il est certain que sans son soutien pour assurer une stabilité à la famille, seule, avec 4 enfants, je ne me serais pas lancée.
J’aimerais continuer à exercer et développer encore plus ma clientèle. C’est tout frais, donc je me donne encore quelques années. J’aimerais que la profession soit plus reconnue, mais c’est en bonne voie. Je m’engage donc aussi auprès du syndicat des naturopathes, car il y a un vrai travail de mobilisation pour faire avancer la reconnaissance de la profession, comme ça a été le cas pour les ostéopathes. Il faut faire connaître les vraies formations et lutter contre celles qui nous décrédibilisent, et qu’on trouve à 200 € sur internet.
Je conseillerais d’y aller : c’est le statut idéal pour tester la viabilité de son projet, quitte à faire évoluer son statut par la suite. Je pense aussi que c’est peut-être plus facile quand on a été salarié avant et qu’on a connu un certain cadre, car c’est un vrai état d’esprit de s’auto-gérer. Moi qui suis plutôt carrée, ça me demande quand même un sursaut de rigueur supplémentaire.
Puis, il n’y a vraiment rien à perdre financièrement, donc, si on a l’envie et qu’en plus, on bénéficie d’une rupture conventionnelle ou d’un back up, ça se tente sans problème !
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Charlotte Conjaud, naturopathe “Par manque de passion, j’ai décidé de tout changer !”
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