L’auto-entreprise, Cindy Marchetti connaît bien, puisqu’elle a choisi ce statut il y a déjà 10 ans. Des années pendant lesquelles elle a mis à profit son expérience d’agent immobilier à Londres et ses formations en coaching pour affiner ses projets et trouver sa voie en toute autonomie. Aujourd’hui, c’est en coaching parental et en parentalité qu’elle se spécialise. Pour Espace Auto entrepreneur, Cindy raconte comment ce statut lui a permis d’explorer et de se perfectionner dans le domaine du coaching, et bien d’autres.
J’ai fait des études de psychologie, mais à l’université, je sentais déjà que ça ne résonnait pas tellement en moi. C’est à l’époque que j’entends parler de “coaching” et que je commence à m’y intéresser, tout en terminant ma licence. Étant passionnée de danse, je décide d’abord de partir travailler comme chorégraphe à l’étranger dans des hôtels club, une expérience qui a duré deux ans. Je suis rentrée en France puis repartie à Londres, suivre mon compagnon de l’époque. Je pensais y rester 6 mois, j’y suis finalement restée 6 ans. Je suis tombée amoureuse de la ville et j’ai commencé un travail salarié d’agent immobilier. J’aimais le côté commercial et humain de l’immobilier, ainsi que l’autonomie de travail offerte par ce métier. Mais au bout d’un moment, le côté compétition et la pression m’ont rattrapée. À ce moment-là, des connaissances étrangères m’ont demandé de leur apprendre le français, j’ai donc commencé en parallèle à avoir quelques élèves par-ci par-là. L’expérience m’a fait revenir vers le coaching et j’ai décidé de me former à l’ICF (International Coaching Federation) de Londres, avant de revenir en France, dans ma région d’origine, il y a 10 ans. C’est à ce moment-là, en 2014-2015, que j’ai créé mon statut d’auto-entreprise.
Oui et non ! Je garde une double casquette de formatrice en langues étrangères et de coach.
Pour les formations, grâce à une connaissance de la Skema Business School, je me suis occupé de l’accueil d'étrangers qui venaient travailler sur Sophia Antipolis, et qui avaient besoin de cours de français ou d’anglais.
En parallèle, je me lance, d’abord, dans le coaching en entreprise. Mais, en exerçant, je me rends compte que le côté “grosse structure” de l’entreprise ne me convient pas. Je me tourne alors vers le coaching en image, un aspect qui me correspond plus, étant habituée au spectacle et à la représentation. Ça a été une façon rapide et plus humaine de travailler avec des gens qui avaient besoin de retrouver confiance en eux, souvent des femmes. Travailler l’image permet aussi d’amener à travailler la personnalité, ce qui m’intéresse beaucoup plus que l’entreprise.
Quand j’ai eu ma fille, il y a 6 ans, j’ai commencé à m'intéresser à l’école Montessori. Séparée de son père, la perspective de financer cette école pour elle était très compliquée à gérer seule. J’ai donc interpellé la directrice pour savoir ce que je pouvais faire pour compenser le prix de l’année scolaire de ma fille. Ils recherchaient justement quelqu’un qui parlait anglais : un heureux hasard ! J’ai donc intégré l’école quelques heures par semaine en tant qu’assistante éducatrice, puis comme éducatrice. J’ai eu la chance de mettre mes compétences en anglais et en danse au service de deux écoles, à Cagnes-sur-Mer, puis à Nice, pendant quelques années.
Une expérience qui m’a redirigée vers le coaching en parentalité : en observant les parents qui mettaient leurs enfants dans ce type d’école, la manière dont l’éducation y est abordée par rapport à l’école “traditionelle”, je me suis rendu compte d’un gros décalage. J’ai pu constater, que ce soit dans des méthodes d’éducation jusque dans des situations lambdas au jardin d’enfant par exemple, à quel point la violence était présente, qu’elle soit physique ou verbale, sur les enfants. Ça m’a interpellé, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire et j’ai donc entamé une formation spécialisée dans l’accompagnement à la parentalité.
On devient parents du jour au lendemain et les gens sont un peu lâchés dans la nature après la maternité, chacun fait comme il peut avec un passif inégal. C’est finalement comme un nouveau travail, sauf que dans le cas du travail, on est formé, accompagné entre la théorie et la pratique.
Je pars du constat qu'aujourd'hui, l'éducation “traditionnelle” est complètement dépassée et qu'elle n'est plus adaptée au système actuel. Le développement de l’enfant, de son cerveau, de ses émotions est très complexe et l’idée est de démocratiser ces connaissances pour faciliter voire changer la vision des relations entre parents et enfants. Je voudrais pousser ça encore plus loin en me rapprochant des mairies pour intervenir dans les écoles de la région, notamment.
Parce que c’est justement ce statut qui m’a permis d’en arriver là où je suis aujourd’hui. Ça m’a apporté une certaine liberté qui ne m’a pas enfermée dans une tâche ou un poste. De plus, j’organise mon emploi du temps comme je le souhaite, et cet avantage a été décuplé, car il me permet de m’occuper de ma fille et de passer beaucoup de temps avec elle. Je suis toujours là pour la conduire à l’école, aller la rechercher, jouer ou m’occuper d’elle quand elle est malade, ce qui est très important pour moi. Ça a aussi créé un lien que je n’aurais pas eu autrement.
Au-delà de ma fille, je suis également passionnée de danse et je m’investis dans la création de festivals ou d’événements artistiques, ce qui me laisse du temps libre pour cette passion.
Je n’ai pas eu vraiment de craintes en me lançant. Ayant vécu à Londres, j’avais vu l’entrepreneuriat à l’anglaise, un statut qui est très valorisé là-bas. Mon expérience dans l’immobilier m’avait aussi préparée aux écarts de salaire d’un mois sur l’autre, même si j’étais salariée à l’époque. Je suis quelqu’un de très déterminée et j’avais vraiment cette sensation de pouvoir tout faire à partir du moment où je m’en donne les moyens. La petite crainte que j’ai, même après 10 ans, c’est de ne pas avoir tellement pensé à l’après, c'est-à-dire la retraite, la prévoyance. Ce sont des choses que je survole sans doute avec paresse. D'autant plus que j’ai la chance de ne pas avoir à gérer ma comptabilité que mon père, ancien directeur financier, a pris en charge. Ça m’a permis de me focaliser uniquement sur mes métiers et mes formations. Je trouve aussi qu’on n'est peut-être pas assez informés ou sensibilisés, en tout cas de manière claire, sur nos droits et ce que l’on a intérêt à mettre en place.
S'il y a une autre crainte, elle est classique : c’est d’arriver à gérer les mois avec et les mois sans.
C'est complètement différent. En Angleterre, on peut vite très bien gagner sa vie plus rapidement qu’en France : c’est ancré dans les mentalités et très valorisé. Quand je me suis lancée en France, c’était un peu la douche froide. J’ai eu le sentiment qu’on n'était pas du tout aidé ni valorisé et que rien n’était fait pour faciliter la tâche, que ce soit d’un point de vue administratif ou au niveau des charges qui sont beaucoup plus importantes en France. Il y a des avantages à vivre en France, c'est certain, mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’accès aux soins de base comme un généraliste est aussi gratuit en Angleterre, et le coût de la vie commence très bas pour monter très haut, là où en France tout est dans une moyenne de prix plutôt haute selon moi. Je gagnais clairement mieux ma vie là-bas.
Je crois vraiment au potentiel du coaching parents-enfant, et, après avoir creusé la piste des mairies et des écoles, mon objectif est bien sûr de m’adresser à des particuliers. Il va falloir que je mette en place un peu de marketing pour explorer cette piste. À long terme, j’aimerais vraiment créer ou m’associer à un centre de formation. Je rencontre prochainement ma formatrice justement, une personne qui a écrit des livres, qui a monté un centre de formation en coaching parental, et qui va pouvoir m’apporter beaucoup de conseils avec son parcours bien plus riche que le mien. Jusqu’ici, je n’ai jamais fait de business plan ou de choses comme ça, j’ai toujours fonctionné à l’instinct et ça a marché. Même si parfois, peut-être qu’un peu plus de structure serait bénéfique.
Il faudrait vraiment que ce soit pour un travail qui a du sens pour moi, que j’ai l’impression de faire une différence dans une entreprise axée sur l’humain. Mon père m’y a sensibilisé pendant le Covid, certainement par crainte et protection… Mais je ne pense pas que ce soit pour moi, outre ces conditions. J’ai commencé à travailler avec ce statut dès mes 30 ans, j’ai découvert cette liberté et cette flexibilité tôt. Je pense que ce serait très compliqué de me remettre dans un cadre avec des horaires de 8h à 19h du lundi au vendredi et des comptes à rendre.
De temps en temps, le travail d’équipe me manque, mais la richesse de vie que l’auto-entreprise m’a apportée est irremplaçable.
De mettre de l’argent de côté pour se lancer, car, même si, selon les métiers, on n’a pas vraiment à investir avec ce statut, il faut au moins deux ans pour prendre du recul sur son activité. Ensuite, d’être un minimum organisé et rigoureux, car c’est tentant d’aller prendre un café avec sa copine, d’avoir de longues pauses déjeuner ou de tomber dans l’oisiveté dans les moments de creux d’activité. C’est plus ou moins facile à mettre en place selon les métiers, mais avoir un agenda, se mettre des dates butoirs et s’y tenir me semble important. L’auto-entreprise apporte beaucoup et, en contrepartie, c'est aussi de la détermination, la nécessité de savoir se renouveler et de toujours travailler par soi-même.
Ces articles peuvent aussi vous intéresser
Marion Saint-Maxent, gestionnaire d’un établissement dédié au bien-être “Je pense qu’en un an, j’ai grandi plus qu’en 5 ans dans n'importe quel autre travail”
Sonia Huguet, créatrice de bijou bien-être “Quitte à travailler, autant vivre de sa passion !”
Nina Thisse - Préparatrice mentale, “Quand on se lance, il faut déconstruire l’ancienne vision du travail”
le 15/01/2025
le 01/01/2025
le 08/01/2025
le 12/03/2025
le 29/01/2025
/
Blog/
Cindy Marchetti, coach en parentalité “La richesse de vie que l’auto-entreprise m’a apportée est irremplaçable.”
© 2015-2025