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Témoignages d'auto-entrepreneurs

Eric Dutter, responsable logistique et organisateur de soirées dégustation de vin “ Ça a commencé entre amis, et maintenant, je partage ma passion pour le vin avec tous ! ”

Publié le 20/08/2024
Eric Dutter, responsable logistique et organisateur de soirées dégustation de vin “ Ça a commencé entre amis, et maintenant, je partage ma passion pour le vin avec tous ! ”

Responsable logistique le jour, passionné de vin la nuit… Rien ne prédestinait Eric Dutter à sillonner les vignobles de France et de Navarre pour apprendre la langue des vignerons, parler à la terre et surtout, raconter leurs histoires. Il a fait de sa passion une profession, qu’il exerce aujourd’hui en parallèle de son métier. Pour Espace Auto-Entrepreneur, il nous raconte la Genèse de son histoire d’amour avec le vin qui a commencé il y a plus de 30 ans, et comment elle a évolué en petite entreprise.

Raconte-nous ton parcours professionnel avant l’auto-entrepreneuriat ?

J’ai 51 ans et je suis responsable d’une grosse plateforme logistique en Allemagne. J’ai commencé dans cette même entreprise après un CAP mécanique. J’ai d’abord commencé tout en bas de l’échelle. J’ai été préparateur de commande, puis cariste, puis chauffeur poids lourds, puis j’ai eu l’opportunité de devenir responsable logistique. Aujourd’hui, je gère une équipe de 130 personnes. J’y travaille toujours actuellement, mais ma grande passion, à côté, c’est l’œnologie que je pratique en auto-entreprise. Pour cette activité, j’organise des soirées et initiations de dégustation de vin, avec des animations sur mesure selon les demandes et événements, pour des particuliers ou pour des entreprises, et également des week-ends à la découverte de régions viticoles.

La logistique et l’œnologie semblent bien éloignées… Comment t’es-tu lancé dans l’organisation de dégustations et vente de vins de manière professionnelle ?

Je suis passionné de vins et de terroir depuis une trentaine d’années. C’est quelque chose que j’adore transmettre et raconter surtout. Après avoir hésité pendant presque 10 ans, j’ai fini par me lancer avec le statut d’auto-entrepreneur pour partager cette passion de manière plus professionnelle. Ce sont mes amis qui m’ont poussé à me lancer. 

En fait, il y a plusieurs années, en amoureux du vin, j’ai commencé à organiser des dégustations chez moi, pour le plaisir, entre amis. Ils me disaient tous “ tu racontes ça super bien, tu devrais en faire pour d’autres personnes, te lancer !”. Mais bon, entre le faire pour le plaisir et lancer une activité, ça n’est pas la même chose ! Puis, à force d’insister, j’ai mis le temps, mais je me suis dit pourquoi pas. J’ai commencé petit à petit à vraiment professionnaliser mes interventions. J’ai commencé à diffuser des PowerPoint, à trouver une manière ludique et pédagogique d’initier à la dégustation, à trouver un concept, à sélectionner les bonnes bouteilles… car il ne s’agit pas juste de dire 2-3 mots sur une bouteille, mais de raconter un terroir, un travail et de faire ressentir des émotions. J’ai rencontré beaucoup de vignerons et de gens de terrains, et ce qui ressort à chaque fois, c’est qu’on ressent une histoire, un lieu dans les vins. C’est comme ça que j’ai trouvé le nom de ma micro-entreprise : “Un lieu dans un verre”. Et enfin, le 1er janvier 2022, j’ai créé mon statut.

Entre la passion et le métier, tu as suivi une formation particulière ? 

Comme je m’y intéresse depuis longtemps, je me suis beaucoup baladé dans les vignobles. D’abord dans ma région d’Alsace puis dans toute la France. Je suis allé à la rencontre de vignerons, et à force, j’ai appris beaucoup de chose : à comprendre la terre, le raisin, leur histoire. Je lis aussi beaucoup de revues spécialisées et bien sûr, j’ai dégusté beaucoup de vins, pour me forger un palais. Ensuite, quand je me suis professionnalisé, j’ai suivi des cours en ligne pour perfectionner ma pratique de l’œnologie et sa transmission. Mais encore une fois, comme je fais les choses avec passion et envie, ça a toujours été un grand plaisir. Maintenant, je vais un peu plus loin en travaillant avec un fromager de Strasbourg qui m’aide à trouver des associations atypiques et surprenantes, que j’adapte en fonction des occasions de dégustation. Je commence à avoir pas mal d’expérience et de réseau. Aussi, j'ai commencé à organiser des week-ends vins, ou j’emmène les gens à la découverte des vignobles et des vignerons, toujours dans l’idée de raconter leur histoire. Les clients aussi parfois me donnent des conseils que j’applique : c’est comme ça que j’ai investi dans un TPE, ou que j’ai commencé à mettre un tablier. J’apprends à chaque fois !

D’un point de vue purement administratif, comment as-tu vécu la création de ton statut ?

Je me suis rendu à la CCI de Strasbourg et, comme je suis perfectionniste, je me suis d’abord inscrit à une petite formation sur la création du statut etc. Formation qui honnêtement ne m’a pas appris grand-chose. Ensuite, j’ai eu pas mal de difficultés administratives. J’habite en France, mais je suis salarié en Allemagne, j’ai donc un statut de transfrontalier, ce qui a compliqué les choses. Même si au début, on m’a dit qu’il n’y avait aucun problème. Je me suis immatriculé une première fois à l’Urssaf qui m’a ensuite radié. Les raisons étaient un peu kafkaïennes : comme en tant que salarié, je dépends du système allemand pour tout ce qui est sécurité sociale et retraite, mais qu’en tant qu’auto-entrepreneur, je suis redevable du régime de la sécurité sociale et fiscal de mon pays de résidence, la France, j’ai dû prouver ma bonne foi en montrant que j’étais bien français et que j’y habitais. À force de persévérer, j’ai pu conserver mon immatriculation en France et les caisses de retraites se sont arrangées entre elles. Mais ça a été très décourageant et finalement, c’est avec la France que ça a été le plus compliqué à régler. Si je devais comparer à l’Allemagne, la paperasse française, c’est toujours plus compliqué. Je me demande comment les gens qui veulent se lancer n’abandonnent pas quand ils ne sont pas accompagnés. Moi, j'ai eu de la chance, mon banquier et une association m’ont beaucoup aidé.

Globalement, qu’est-ce que t’as apporté de nouveau cette activité parallèle ?

Bizarrement, je suis un grand timide. Et même si j’adore partager ma passion, il était compliqué pour moi d’envisager “me produire” devant des inconnus, et en plus être rémunéré pour ça ! Quand je fais les dégustations aujourd’hui, je n’ai plus peur !

Même si je gère beaucoup de personne dans mon métier, j’ai dû apprendre à gérer une petite entreprise : mes stocks, ma communication, mon réseau. C’est ma fille de 23 ans qui m’a initié aux réseaux sociaux que j’utilise beaucoup : LinkedIn, Instagram… 

Aussi, comme je fais également de la vente de bouteille, il a fallu que j’apprenne à choisir les bouteilles, gérer la vente avec mon TPE, faire ma comptabilité, ma gestion… Ce sont des compétences finalement très différentes de mon métier principal. Mais personnellement, ce que ça m’apporte le plus, c’est la joie de partager des émotions : que ce soit avec des vignerons, avec les gens, avec mes amis : c’est vraiment la base pour moi et aujourd’hui, j’ai vraiment besoin de cet équilibre.

Quelle est ta plus grande fierté depuis que tu t’es lancé ?

Je pense que ce sont les rencontres avec les vignerons. En particulier Arnaud Cassini, un vigneron du Bordelais, récemment décédé, mais qui était surtout devenu un ami cher. C’était un “petit” vigneron, mais connu dans le milieu. Alors que je ne viens pas du tout du milieu du vin, il m’a ouvert les portes de domaines légendaires inaccessibles comme Cheval Blanc, Chevallon, Mouton-Rothschild… et dans des conditions tout à fait privilégiées. Il m’a beaucoup appris sur le terroir, la biodynamie. Avec lui, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes d’exception du milieu du vin, toutes aussi passionnées et que je n’aurais jamais rencontrées par ailleurs. C’est une certaine forme d’adoubement par la profession. Et, parmi nos moments mémorables, il y a eu la dégustation de la bouteille qui m’a procurée le plus d’émotion : un cheval blanc 1990 que je n’oublierai jamais, un trésor. Il y avait vraiment un lieu dans un verre. 

Comment envisages-tu l’avenir entre tes deux activités ?

Pour l’instant, je travaille encore, mais à terme pourquoi pas ralentir pour me consacrer de plus en plus à l’activité de dégustation. J’utilise mes RTT pour continuer à explorer les vignobles, parfois les vacances et forcément, certains week-ends, je suis parti. Mais je garde quand même du temps de vie de famille, même si mes enfants sont grands maintenant. Ma femme m’aide de temps en temps aussi. Elle fait des petits desserts pour les dégustations. Pour l’instant, c’est l’équilibre qui me convient, car pour moi, ça n’est pas un business, même si les PowerPoint, les bouteilles, ça prend du temps. Je ne cherche pas du tout à faire du chiffre. J’ai commencé en 2022, je me suis donné 5 ans pour voir comment ça fonctionne et envisager la suite. 

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’auto-entrepreneuriat ?

Je conseillerais, dans le cas d’un transfrontalier comme moi, de commencer par bien se renseigner des deux côtés de la frontière, parce que c’est compliqué et il ne faut pas se décourager. Ensuite, peut-être de se rapprocher d'organismes qui connaissent l’entreprise. Moi, ça m’a beaucoup aidé pour comprendre les questions juridique et administrative, en plus souvent, c'est gratuit. Et ensuite, si on a l’envie ou la passion, une fois que l’administratif est passé, il ne faut pas hésiter !

 

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Bon conseils. J'ai pu avoir une réponse rapide et claire. J'adhère totalement au principe d'avoir de l'aide sur les démarches auto entrepreneur.

le 17/04/2024

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merci de m'avoir accompagné dans mon création d'entreprise aussi bien avec les différentes question que j'ai pu avoir et aussi dans les différentes formalité que j'avais à faire. cordialement

le 01/05/2024

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