La reprise actuelle de l’économie semble se confirmer dans les chiffres, comme l’atteste l’augmentation du nombre de création d’entreprises (+ 0,7 %) et d’auto-entreprises (+ 3,5 %) en 2023. La réalité est néanmoins plus nuancée et mérite donc d’être analysée en détails.
Porté principalement par les nouveaux micro-entrepreneurs, le nombre de créations d’entreprises a augmenté de 0,7 % au cours des 11 premiers mois de 2023.
Selon une étude de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), la dégradation de la conjoncture n'a pas entamé les envies d'entreprendre. Pour preuve, 975 998 créations d'entreprises ont été décomptées sur les 11 premiers mois de l'année 2023, soit 3 635 de plus que sur la même période en 2022. Cela représente d’ailleurs une augmentation de 0,7 % sur une période de 12 mois (décembre 2022 à novembre 2023). Si cette hausse reste légère, elle devrait néanmoins permettre de franchir le cap des 1 millions d'entreprises créées en 2023, voire même de battre le record de l'année dernière (1).
La situation économique semble également donner des signes d'encouragement quant à la reprise de l'activité. Pour preuve, le nombre de créations d'entreprises a progressé de 2,4 % au cours des trois seuls derniers mois (comparé à la même période en 2022). Ce rebond pourrait d’ailleurs être encore plus important car l’Insee alerte sur la fragilité des données recueillies depuis le début de l'année. En cause ? Le lancement du nouveau guichet unique des formalités d'entreprises, obligatoire depuis le 1er janvier 2023 et qui connait de nombreux dysfonctionnements (1).
Une nouvelle fois, ce sont les micro-entrepreneurs qui tirent l'ensemble des chiffres vers le haut. Toujours selon l'étude de l'Insee, 619 608 micro-entreprises ont été créées sur les 11 premiers mois de 2023, soit une augmentation de 3,5 % en glissement annuel. Sur une année calendaire (décembre 2022 à novembre 2023), les micro-entreprises ont même représenté 62,8 % des créations d'entreprises (1).
Sans grande surprise, les autres formes d'entreprises sont à la peine. Ainsi, seulement 252 035 sociétés et 104 355 entreprises individuelles classiques ont été créées sur les 11 premiers mois de l'année. L'écart ne cesse d'ailleurs de se creuser car, alors que les micro-entreprises progressent, les créations de sociétés et d'entreprises individuelles classiques ont respectivement chuté de 2,9 et de 5,5 % au cours des 12 derniers mois (1).
Malgré ces chiffres encourageants pour l’économie, la réalité est un peu plus nuancée, notamment en raison du nombre important de défaillances d’entreprises lors de la dernière année.
Comme le révèle l’Insee, quatre secteurs spécifiques portent les créations d'entreprises (toutes formes confondues), à savoir (1) :
l'industrie qui progresse de 9,2 % sur 12 mois (environ 92 000 créations d'entreprises par mois) ;
l'information et la communication qui connaissent une hausse de 8,4 % (environ 5 500 créations par mois) ;
l'hébergement et la restauration qui augmentent de 7,6 % (environ 3 600 créations par mois) ;
le transport et l'entreposage qui progressent de 5,8 % (environ 8 200 créations par mois).
A contrario, plusieurs domaines d'activités ont dévissé au cours des 12 derniers mois, aux premiers rangs desquels les activités immobilières (- 9,6 % de créations), l'enseignement, la santé et l'action sociale (- 6,6 %), les activités financières et d'assurance (- 4,2 %) et la construction (- 3,6 %) (1).
Si les créations d’entreprises progressent, elles ne masquent malheureusement pas une triste réalité : le nombre de cessations d’activité risque d’atteindre des sommets en 2023. Selon une étude publiée par le cabinet Altares, la France a enregistré 41 000 défaillances au cours des 9 premiers mois de l'année 2023, soit 4 550 défauts mensuels. Selon les projections, environ 55 000 défaillances devraient être totalisées d'ici la fin de l'année (2).
Surtout, cette enquête révèle que les jeunes entreprises sont les plus fragiles, principalement d’un point de vue financier. Parmi les entreprises de moins de 3 ans, 1 700 ont été en défaut au 3e trimestre 2023, soit 32 % de plus qu'en 2022. Une grande majorité d'entre elles ont d'ailleurs immédiatement fait l'objet d'une liquidation judiciaire (81 %). Une nouvelle preuve que le succès est loin d’être garanti lors de la création de son activité (2).
Dans l’attente des chiffres de 2023, l’URSSAF a publié en décembre dernier le bilan de la micro-entreprise pour 2022. L’occasion de découvrir le nombre d’auto-entrepreneurs actifs, ainsi que le montant moyen de leur chiffre d’affaires.
Selon les chiffres de l'URSSAF au 4ᵉ trimestre 2022, on comptait 2,44 millions d'auto-entrepreneurs, soit une progression de 9,3 % sur un an. Si l’on compare avec les derniers chiffres de l’auto-entreprise que nous vous révélions en début d’année dernière, la dynamique semble pourtant s’essouffler : le nombre de nouvelles micro-entreprises avait augmenté de 15,3 % en 2021 et de 17,5 % en 2020. Malgré tout, le statut de micro-entrepreneur représente désormais 56,2 % de l’ensemble des travailleurs indépendants (3).
Mais, une fois encore, la situation est moins positive qu'elle ne semble l'être. Selon la dernière étude de conjoncture de l'URSSAF, un peu moins de 1,7 million d'auto-entrepreneurs étaient économiquement actifs à la fin de l'année 2022, soit environ 70 % d'entre eux. De plus, l'URSSAF, le CFE des auto-entrepreneurs libéraux, a dénombré 494 352 radiations au cours des 12 derniers mois, soit une progression de 0,7 % sur un an (3).
Toujours selon la dernière note de conjoncture de l’URSSAF, plusieurs secteurs participent grandement à la croissance du nombre de micro-entrepreneurs, à savoir (3) :
les autres services personnels (+21,8 % en 2022), qui sont composés à 89 % de micro-entrepreneurs ;
les activités de nettoyage (+ 19,5 %) ;
l'information, l'informatique et la communication (+14,2 %) ;
et l'industrie (+ 8,7 %).
En 2022, le revenu global des micro-entrepreneurs a représenté 13,4 milliards d'euros, soit une progression de 16,1 % sur un an (11,6 milliards d'euros en 2021). Cette croissance est certes moins importante qu'en 2021 (+ 35,9 % par rapport à 2020), mais elle traduit la dynamique du statut, porté depuis peu par l’augmentation des plafonds de chiffre d’affaires (3).
Néanmoins, la situation est toujours loin d'être mirobolante : le revenu moyen annuel des auto-entrepreneurs était en effet de 7 449 € en 2022, contre 6 839 € en 2021, soit une hausse de 8,9 % sur un an. On constate même d'importantes disparités selon la nature de l'activité puisque ce revenu moyen était de seulement 6 487 € pour les artisans et les commerçants, contre 8 454 € pour les auto-entrepreneurs libéraux. Plus inquiétant encore, 53,5 % des auto-entrepreneurs ont touché un revenu inférieur à 4 000 € (3).
Sources :
(1) Légère hausse des créations d’entreprises enregistrées en novembre 2023 - Insee - 2023
(2) Défaillances d'entreprises en France T3 2023 - Altares – 2023
(3) Stat'UR bilan n°373 : Décembre 2023 - URSSAF - 2023
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