Ancien contractuel, que ce soit en mairie ou dans différentes institutions, dans sa carrière, Sergì s’est toujours investi au service de la collectivité. De par son histoire personnelle faite d’exil et de résilience, c’est par les mots qu’il fait vivre l’occitan qu’il affectionne particulièrement, et construit sa seconde carrière en auto-entreprise. Le choix d’une retraite active, d’entretenir la mémoire collective et de participer à la transmission de cette langue.
Je suis retraité depuis 2014, mais avant cela, j’ai travaillé comme contractuel pendant 25 ans, notamment comme directeur de cabinet d’un maire. J’ai ensuite été nommé au conseil économique, social et environnemental de Bordeaux, comme écrivain, pour représenter l'occitan et le basque, qui sont les deux langues d'Aquitaine. Puis, j’ai été en charge du redressement de l'Institut Occitan d'Aquitaine. Par ailleurs, je suis aussi écrivain et j’ai suivi une formation de traduction en langue occitane.
Je faisais jusqu’alors peu de traduction, car je n’en avais pas le temps. Il s'avère qu'en 2014, quand j'ai eu une structure chargée de produire des ouvrages pour les enfants, adolescents et autres, qui reçoivent un enseignement en occitan, on m'a demandé de traduire des ouvrages pour la jeunesse. J’ai reçu d'autres sollicitations par la suite, de structures publiques, comme de collectivités territoriales, jusqu’aux communes, mais aussi de structures privées. À la base, je ne souhaitais pas forcément avoir le statut d’auto-entrepreneur puisque je fonctionnais bien avec le statut d’artiste-auteur. Mais, les entreprises privées avec lesquelles je travaillais souhaitaient me régler via le statut d’auto-entrepreneur. C’est pour cette raison que je l’ai créé en 2014.
Oui, ce cumul me permet de pouvoir travailler avec plusieurs types de structures, publiques et privées, et de m’adapter à leur système de facturation.
Ce n’est pas pour une question d’argent. C’est par passion et aussi par militantisme. Comme toutes langues régionales, l’occitan en particulier à un statut tout à fait précaire. C’est la langue de mon enfance. Ayant la particularité d’être un enfant exilé par l’histoire de mes parents, anciens pieds noirs d’Algérie, j’ai atterri dans le Béarn à 10 ans, où j’ai appris l’occitan. Aujourd’hui, je fais partie de ces quelques personnes qui sont capables de parler et écrire en occitan et j’aime le transmettre. D’ailleurs pour moi ça n’est pas un métier, c’est une activité. Et même si je suis rémunéré pour mes traductions, je participe aussi bénévolement à d’autres choses, par exemple, une étude que je fais sur la traduction en occitan, pour définir un diagnostic et éventuellement en identifier les possibles traducteurs.
Je suis un résilient et cette activité me permet de ne pas accepter une certaine mort sociale liée au passage à la retraite. J’ai beaucoup d’amis retraités qui multiplient les voyages, mais s’embêtent beaucoup au quotidien. Développer mon activité me permet de maintenir une activité intellectuelle, ce qui est très important. C’est aussi une question de compétences car on ne s’invente pas traducteur : j’ai la chance de pouvoir le faire, d’autant plus qu’il n’y en a pas beaucoup dans cette langue en particulier. Évidemment, à mon âge, on ne peut pas tout faire, il faut adapter l’activité, mais il n’y a pas de déterminisme en la matière : on peut maintenir une activité tout en étant retraité.
J’avoue que c’est ma femme qui gère mes déclarations d’Urssaf et tout ce qui est lié aux impôts. Elle est beaucoup plus douée que moi en ce qui concerne la technocratie française : je suis confronté à des difficultés de compréhension de tous ces documents. Je ne trouve pas les informations toujours très claires. Je gère plus le statut d’artiste-auteur qui me paraît beaucoup plus simple : les clients remplissent tous les papiers et j’ai un récapitulatif clair chaque année pour la déclaration. J’y suis habitué et c’est certainement pour ça que je le trouve plus facilitant, et j’avoue aussi m’être moins intéressé à la gestion de l’auto-entreprise et à son jargon administratif. Je mets juste un point d’honneur à être en règle avec toutes ces institutions.
Ma fille, elle aussi auto-entrepreneur, peut m’apporter des conseils de temps à autre où me tient au courant, comme de l’augmentation récente des cotisations.
J’aimerais voir plus de romans pour adultes traduits, et pourquoi pas en faire la traduction. Ce serait bien pour cette langue, je trouve ça dommage qu’il y en ait si peu. Mais cela demande énormément de temps et surtout des moyens financiers. Je suis déjà très occupé entre les traductions, l’écriture et les chroniques littéraires que je fais pour un journal.
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Sergì Javaloyès Traducteur, écrivain, chroniqueur “Développer mon activité me permet de maintenir une activité intellectuelle, ce qui est très important.”
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