La retraite, Elisabeth Lafont a décidé de la vivre à sa manière : active ! À 68 ans, c’est une femme passionnée de littérature qui nous raconte comment elle a décidé de continuer à vivre de sa passion en auto-entreprise. Un amour des mots qui a guidé toute sa carrière d’attachée de presse dans l’édition et l’a aussi aidé à se relever des accidents de la vie. Aujourd’hui, pour Espace Auto-entrepreneur, elle témoigne aussi du champ des possibles ouvert par un statut accessible à tous les âges.
J’ai commencé comme institutrice, un métier que j’ai exercé pendant 4 ans avant de me rendre compte que je n’étais pas du tout faite pour ça. J’avais besoin de travailler et d’échanger avec des adultes dans un milieu d’entreprise. À l’époque, il y avait plus d’offres d’emploi visibles qu’aujourd’hui, et je suis tombée sur l’annonce d’une maison d’édition qui cherchait une attachée de presse. Je me suis lancée, j’ai commencé par la base puis je suis devenue attachée de presse chez Eyrolles, une belle maison d’édition parisienne. Je suis passionnée de littérature, et j’ai adoré ce métier. C’est pendant cette partie de ma carrière que j’ai aussi commencé à corriger des manuscrits d’auteurs. Une très belle période de 7 ans qui s’est malheureusement terminée par un accident, m’empêchant de travailler.
Suite à cet accident, j’ai été mise en arrêt. J’ai dû réapprendre à marcher, dans tous les sens du terme. On m’avait dit “Vous ne pourrez plus jamais travailler à temps plein.” Malgré tout, je souhaitais reprendre une activité. La littérature faisant vraiment partie de ma vie, j’en ai profité pour écrire les livres que j’avais envie d’écrire, à retravailler à mi-temps, pendant une dizaine d’années. J'ai suivi quelques formations de biographe, animatrice et correctrice dans des organismes reconnus. En 2014, j’ai ouvert mon auto-entreprise : laplumedelisabethlafont.fr. Petit à petit, par le réseau, des gens m’ont contactée et j’ai pu reprendre une activité professionnelle, participer à des salons du Livre, en faire des comptes-rendus, retravailler des manuscrits et faire des corrections entre autres.
Je corrige des manuscrits d’auteur et retravaille le texte pour avoir un premier jet correct. Je fais aussi les corrections, même si aujourd’hui la plupart des maisons d’éditions passent par des logiciels et ont des correcteurs attachés Le logiciel pour les plus petites maisons d’édition ne corrige pas toutes les fautes. De plus, l’IA est partout et il faut être capable de la débusquer pour éviter les plagiats d’auteur.
Je corrige l’orthographe, la syntaxe, la concordance des temps et l’articulation des phrases, tous ces détails qui font un bon livre. Avec mon expérience d’attachée de presse, je sais ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, ce qui me procure une certaine légitimité.
Très concrètement, un repos physique qui était nécessaire vue ma santé fragile. Au-delà de ça, ça m’a permis de reprendre goût à la vie professionnelle et de me rouvrir sur le monde. Dans mon métier de presse, j’étais très active et je rencontrais beaucoup de personnes très intéressantes intellectuellement. Le fait d’avoir adapté mon métier et de pouvoir l’exercer à mon rythme, tout en conservant une vie sociale, m’a remis le pied à l’étrier : la semaine, je travaille chez moi et le week-end, en participant à des salons, je rencontre à nouveau un métier que j’aime, des personnes intéressantes qui, par rebonds, me permettent de continuer à travailler. Aussi, cela m’a redonné confiance en moi, m’a permis de relancer des projets et de dépasser mes soucis de santé. Aujourd’hui, je ne travaille pas à temps plein, mais j’aime travailler et je profite aussi d’une vie personnelle.
Honnêtement, très facilement, je n’ai identifié aucune difficulté. J’ai un modèle de facture type que j’utilise à chaque commande et je déclare mes revenus tous les mois sur le site de l’Urssaf.
La difficulté de gestion réside plus dans les délais de règlement de facture. Certains clients ne se rendent pas compte qu’un petit indépendant n’a pas la même trésorerie qu’une grande maison d’édition comme Gallimard ou Fayard. La durée plutôt longue de mes missions m’oblige donc à morceler ou échelonner mes paiements en fonction de l’avancée du travail sur un manuscrit. Il faut souvent faire preuve de pédagogie avec les clients, car je ne peux pas me permettre de n’être réglée qu’à la fin, avec du retard. M’étant renseignée, c’est ce qui semble se pratiquer dans le milieu.
Cela dépend de chacun et c’est une question d’envie, pas forcément d’âge. La littérature est la passion de ma vie, donc j’ai eu aucun problème à trouver l’envie. Je conseillerais de se lancer tout simplement, en plus, ça ne coûte rien financièrement.
Je fais peut-être figure d’exception dans ma génération, mais, dans mon entourage, j’ai d’autres personnes retraitées à qui l’auto-entreprise réussit bien, alors il faut foncer !
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Elisabeth Lafont, biographe, correctrice professionnelle, conseils en écriture, fabrication de livre d’artistes pour les Salons du livre ou expositions. “L’auto-entreprise m’a permis de me rouvrir sur le monde “
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