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Témoignages d'auto-entrepreneurs

Louise Coffyn “L’auto-entreprise m’apporte une grande liberté de création et d’action”

Publié le 22/10/2024
Louise Coffyn “L’auto-entreprise m’apporte une grande liberté de création et d’action”

La musique fait partie de la vie de Louise Coffyn depuis toujours. C’est donc naturellement qu’elle en a fait son métier, a intégré un conservatoire et qu’elle intervient en tant que fonctionnaire dans toutes les écoles de sa ville pour y dispenser ses cours aux enfants. Son autre moteur, c’est aussi sa créativité et son énergie. C’est pour l’exprimer pleinement, qu’elle a décidé de lancer son auto-entreprise, La Foufellerie. Pour Espace Auto-entrepreneur, elle raconte comment ce statut lui ouvre les portes de structures aux publics différents, et lui permet de créer des ateliers musicaux adaptés. 

 

Quel est ton métier et dans quel cadre l’exerces-tu ?

Je suis musicienne, artiste et aussi musicienne intervenante pour un conservatoire dans le Nord de la France. J’ai donc passé un concours de la fonction publique pour être titulaire de mon poste et à ce titre, je suis fonctionnaire territoriale. Via les enseignants qui contactent l’inspection, qui contactent ensuite le conservatoire, j’interviens dans toutes les écoles de la ville. J’ai 35 classes de la petite section au CM2. Je donne également des cours d’éveil musical et d’initiation au conservatoire, pour des enfants et des enfants à particularité, et je suis également chef de chœur pour un public allant de 5 à 77 ans.

 

Et l’auto-entrepreneuriat dans tout ça ? 

C’est un statut que j’ai créé en 2022 et que je cumule avec mon statut de fonctionnaire. Comme je suis titulaire, c’est un peu particulier, car je dois demander une autorisation de cumul de statuts tous les ans au Maire de la ville. Étant musicienne intervenante, mon temps plein comprend 20h et non 35h. Le statut d’auto-entrepreneur me permet donc de travailler le reste du temps et pendant les vacances scolaires, comme dans les écoles, j’interviens sur le temps scolaire.

 

Pourquoi avoir choisi de cumuler deux statuts pour une activité similaire ?

Suite à une séparation, je me suis retrouvée seule avec mes deux enfants, et donc avec moins de revenus. À cette période, j’ai aussi créé un spectacle musical pour enfants, “Fleur d’étoiles” et j’avais tout simplement besoin d’une structure pour le faire tourner dans les salles de spectacle et me rémunérer. C’est pour cela que j’ai créé le statut en premier lieu. Ensuite, grâce à ce statut, j’ai découvert que je pouvais intervenir dans diverses structures et développer d’autres projets musicaux. Au fur et à mesure, j’ai proposé des ateliers pour intervenir dans des Ehpad, des centres associatifs, des CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale), des écoles privées, des IME (Institut médico-éducatif)... Aujourd’hui, je rencontre des gens très différents, entre les petits en crèche, les personnes âgées, les malades en chimiothérapie ou souffrant d’addictions. J’aimerais beaucoup aussi intervenir dans les prisons, mais l’accès est plus compliqué.

 

Qu’est-ce que le statut d’auto-entrepreneur t’apporte de plus ?

Clairement, c’est une grande liberté de création et d’action. Mon métier, dans le cadre de mon statut de fonctionnaire et au conservatoire, est quand même soumis à certaines règles : il faut suivre un programme et, étant très créative avec beaucoup d’idées, c’est compliqué de mettre en place des projets pédagogiques musicaux différents, voire parfois impossible. Alors qu’il y a beaucoup de choses à faire à ce niveau dans les villes, malheureusement je me heurte à des problématiques de finances publiques, de budget et aux lourdeurs administratives qu’on peut imaginer à l’échelle d’une mairie. Le temps que les commissions se réunissent et que tous les interlocuteurs se mettent d’accord, ça prend des années et rien ne se fait. Donc, l’auto-entrepreneuriat me permet de m’affranchir de tout ça et de taper à d’autres portes. Je peux créer un projet musical adapté aux personnes atteintes de la maladie d’Alzeihmer, faire découvrir la musique autrement à des enfants… En fait, ce qui me passionne, c'est vraiment la puissance de la musique et ce qu’elle peut débloquer chez tous types de publics. Et je trouve vraiment dommage qu’on n’investisse pas plus dans l’art ou qu’on ne se cantonne qu’à une seule méthode d’apprentissage. D’ailleurs, on l’a vu pendant le Covid, l’art était considéré comme “non essentiel” alors que je vois tous les jours ce que ça apporte comme bien-être et ce que ça révèle chez des personnes malades, différentes ou en difficultés.

 

Comment as-tu vécu ta création d’entreprise ?

Pour être honnête, c’était vraiment une galère ! Quand j’ai créé le statut, c’était pour mon spectacle, j’ai donc été mise de fait dans la case “Artiste Auteur”, comme il s’agissait d’une composition. Ça a déjà mal commencé parce que, je ne m’étais pas posé la question à l’époque, mais je n’ai pas eu droit à l’ACCRE dans cette catégorie. Si j’avais directement commencé par mes ateliers musicaux, j’aurais été mise dans une autre case. Ensuite, dans les métiers artistiques, je n’ai jamais réellement su si j’étais en BIC ou en BNC. En plus, j’ai mon statut de fonctionnaire à côté, ce qui complique encore les choses, ne serait-ce que pour les impôts. J’ai bien essayé de trouver des réponses auprès de l’Urssaf, mais tout le  monde se renvoie la balle. Je suis dans une case où tout semble flou pour tout le monde. D’ailleurs, on m’a demandé d’intervenir sur mon statut d’auto-entrepreneur à l’université dans laquelle j’ai fait mes études, et même le comptable qui m’accompagnait pour expliquer aux étudiants n’était pas sûr de tout comprendre. Il y a trop de cases desquelles on ne peut pas déborder, ce qui complique vraiment les choses administrativement.

 

Est-ce que c’est une grosse difficulté dans la gestion de ton statut ?

Oui parce que je ne suis pas du tout à l’aise avec ce qui relève de l’administratif et c’est parfois décourageant, car on fait tout pour bien faire et, au final, on a toujours peur de se tromper. Et puis c’est une grosse perte de temps : je suis beaucoup sur le terrain, je prépare mes ateliers, mes cours et je n’ai pas le temps de passer des heures au téléphone ou d’envoyer des dizaines de mails pour n’avoir aucune réponse claire. Ceci est aussi dû au fait que je cumule les deux statuts sur mon métier, donc forcément, je me dégage moins de temps pour la gestion, par rapport à un auto-entrepreneur à plein temps. Je pars donc du principe que tant que je reste dans la légalité, je fais au mieux avec ce que j’ai.

 

Et le quotidien, comment le gères-tu ?

En ce qui concerne la facturation, les devis etc, je me débrouille plutôt bien. J’ai un logiciel sur lequel je m’appuie pour suivre ma comptabilité etc, je trouve ça vraiment très utile. Ensuite, pour démarcher les structures, un ami qui travaille dans le marketing m’aide à utiliser des bases de données pour envoyer le plus de mails possibles aux structures que je vise pour mes ateliers. Ce sont vraiment des choses complètement inconnues pour moi !

 

Justement, quelles actions que tu ne faisais pas avant, as-tu dû mettre en place pour ton auto-entreprise ?

Tout ce qui est “marketing” dans un premier temps, comme mon site ou les envois d’e-mails pour présenter mes ateliers et mes projets. Ensuite, quand j’ai commencé, j’ai lancé une cagnotte participative sur Ulule pour monter un studio d’enregistrement mobile, et ça a marché. Ça m’a permis d’investir dans du matériel et de proposer des sessions de composition dans certains ateliers. Ça m’a confortée dans la puissance de ce type de choses. Grâce à ça, je peux faire chanter et composer des personnes âgées, des enfants autistes… en amenant tout le matériel sur place. Ça multiplie les possibilités.

J’essaye aussi de démarcher en faisant le lien entre les différentes structures pour lesquelles je travaille : certaines ne savent même pas qu’en s’associant sur un même thème de projet pédagogique, elles peuvent obtenir des aides. En faisant ce genre de pont bénéfique pour tout le monde, je peux proposer encore plus d’ateliers et toucher plus de monde. Ce sont des choses auxquelles je ne pensais pas avant.

 

Quelles satisfactions retires-tu de tout ça ?

En tant que musicienne, il y en a beaucoup. Je suis violoncelliste depuis que j’ai 7 ans, j’ai beaucoup travaillé, c’est avant tout un métier-passion. Toucher les gens avec la musique, c’est superbe. En quelque sorte, l’auto-entreprise me permet de “choisir” mon public et de travailler avec des structures dont je partage les valeurs d’authenticité et d’échange. Arriver à faire parler un enfant autiste qui ne disait pas un mot, mais qui s’exprime grâce à la musique, créer un lien avec les gens, apporter du bien-être par sa passion, c’est épanouissant. Quand je revois des enfants qui ont grandi et qui se souviennent de moi j’ai vraiment l’impression d’avoir laissé une trace positive, d'avoir fait quelque chose de bien. J’ai vraiment besoin de toute cette authenticité.

 

Tu sembles très occupée : comment arrives-tu à gérer ton temps avec le cumul de ces deux statuts ?

C’est une question qu’on me pose souvent : je n’ai pas assez de temps. Je travaille sur les temps scolaires et sur les vacances scolaires, ce qui ne me laisse pas beaucoup de place pour me reposer, bien que ce soit nécessaire, pour tous les enseignants d’ailleurs. Je pense que d’abord, comme c’est une passion, je ne le vis pas comme un travail dans le cadre de “La Foufellerie”, la structure que j’ai créée. Ça doit m’aider d’une certaine manière. Ensuite, je pense que je dois être légèrement hyperactive, en tout cas, j'ai beaucoup d’énergie et je dois m’occuper sans cesse. J’ai aussi un groupe de musique à côté, ce qui me demande encore du temps. C’est une histoire de personnalité, j'imagine. Je suis tellement partout que tout le monde me connaît dans les environs.

 

Quand on pense aux métiers de la musique, on pense tout de suite aux intermittents du spectacle. Tu aurais pu aussi choisir ce statut ?

Comme je suis certes musicienne, mais dans l’enseignement, ça n’est pas le statut idéal. Ça correspond plus aux artistes qui se produisent sur scène, car il y a un certain nombre de cachets à respecter pour être rémunéré. De plus, les structures avec lesquelles je travaille préfèrent travailler avec les auto-entreprises ou entreprises. C’est plus facile avec ce genre de statut pour les approcher. Ensuite, je ne suis pas certaine qu’on puisse cumuler le fait d’être titulaire de la fonction publique et intermittent. 

 

Est-ce que tu as une anecdote à partager sur ton travail ?

Dernièrement, j’ai travaillé avec une petite fille autiste. Elle est turque et sa maman aussi. Elles ne mènent pas une vie simple et font face à beaucoup de difficultés. Je travaille donc sur la musique pour faire évoluer son handicap. Elle ne parlait pas et en revenant au cours suivant, elle m’a dit “Bonjour”. Ce genre de chose m’émeut beaucoup et je me rends compte que c’est aussi à ces personnes que j’ai envie de faire du bien. Je n’ai pas forcément envie d’aller faire un atelier musique dans les banlieues les plus aisées, le rapport n’est vraiment pas le même. 

 

À l’avenir, est-ce que tu envisages d’être auto-entrepreneur à plein temps ?

Pas vraiment, car comme je le disais, j’ai passé un concours difficile pour être titulaire de mon poste de fonctionnaire territoriale. Si je quitte ce poste, je perds mon diplôme également. Je ne vais pas cacher que ce statut fixe est quand même rassurant quand on est mère célibataire avec deux enfants. Je suis en train de vendre ma maison par exemple, et typiquement, mon statut d’auto-entrepreneur ne m’aidera pas à me lancer dans un nouveau projet immobilier. C'est dommage, mais malheureusement, c'est comme ça. Et puis j’aime mon métier dans le cadre des écoles de la ville, donc ça me convient bien.

 

Comment imagines-tu l’avenir ?

J’ai mille idées en tête. Via ma structure, j’aimerais développer des packs pédagogiques musicaux à destination des enseignants. La musique à l’école peut être compliquée à enseigner pour un professionnel non musicien ou juste moins à l’aise avec la musique. Je veux développer des méthodes d’apprentissages complètes et différentes, qu’on pourrait télécharger, avec des vidéos, des tutos, des parcours pédagogiques, pour que ce soit aussi adapté à une inspection académique. Je cherche à créer quelque chose d’accessible à tous ; je manque juste de temps encore.

 

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans ton domaine en auto-entreprise ? 

Je dirais de foncer ! Même si j’ai vécu quelques difficultés administratives relatives à mon domaine d’activité, c’est surmontable. Et même quand on n’est pas à l’aise avec tout ça, il y a des outils d’aide à la gestion et il ne faut pas hésiter à demander conseil autour de soi, à sa famille, ses amis. S'il y a des choses qu’on ne sait pas faire, on peut toujours les apprendre et découvrir de nouvelles perspectives pour exercer son métier. 

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