Non, il est interdit d’exercer l’activité de journaliste professionnel ou de pigiste avec le statut d’auto-entrepreneur. En revanche, vous pouvez créer une auto-entreprise pour exercer une activité secondaire non journalistique, telle que de la rédaction par exemple. Cette activité annexe ne doit toutefois pas être réalisée pour le compte d’entreprises de presse. Explications.
Qui est considéré comme journaliste professionnel ?
Comme le dispose l'article L7111-3 du Code du travail, le terme de journaliste professionnel désigne « toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse , publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ».
Toujours selon le Code du travail, le statut légal de journaliste professionnel englobe donc un certain nombre de professions, dont :
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les journalistes professionnels travaillant en entreprise de presse ;
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les correspondants, à condition de percevoir des rémunérations fixes de la part d'entreprises de presse ;
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les collaborateurs directs de la rédaction, tels que les rédacteurs-traducteurs, les reporters-photographes ou encore les rédacteurs-réviseurs par exemple ;
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les journalistes qui exercent leur profession au sein d'une ou plusieurs entreprises de communication audiovisuelle (les chaînes de télévision par exemple) ou de radios locales privées ;
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les journalistes-pigistes, à savoir ceux qui sont employés au sein d'une entreprise de presse à titre occasionnel et rémunérés à la pige.
La possession d'une carte de presse n'est pas déterminante pour qualifier un professionnel comme étant journaliste : elle constitue un simple moyen de preuve. Il est donc possible d'avoir le statut de journaliste professionnel sans posséder une carte de presse.
Quel est le statut légal d’un journaliste ?
Les journalistes professionnels bénéficient d'un statut spécifique, encadré par le Code du travail et la Convention collective nationale (CCN) des journalistes du 1er novembre 1976. Ces textes indiquent que toute collaboration rémunérée entre un journaliste et une entreprise de presse est considérée comme étant un contrat de travail. Lors de son embauche, chaque collaborateur doit d'ailleurs recevoir une lettre d'engagement précisant notamment son emploi, sa qualification professionnelle ou encore le montant de son salaire.
En raison de la présomption d'un contrat de travail, les journalistes professionnels sont par principe salariés auprès de l'entreprise de presse qui fait appel à leurs services. Cela s'applique quel que soit le montant de la rémunération et la nature de la mission.
Une seule exception à cette règle : le journaliste peut être considéré comme un travailleur indépendant s'il travaille en totale dépendance. Cette situation est relativement rare car cela implique qu'il ne reçoit aucune directive, ni aucune commande : il est totalement libre dans le choix des sujets qu'il traite, sans avoir d'instructions de la part de l'entreprise de presse. Ce cas peut principalement s’appliquer aux reporters-photographes qui proposent des reportages et photographies en fonction de l’actualité.
Peut-on être journaliste avec le statut d’auto-entrepreneur ?
Par défaut, le travail de journaliste professionnel est obligatoirement salarié et implique l'existence d'un contrat de travail auprès de l'entreprise de presse. Par conséquent, il n'est pas possible de devenir journaliste avec le statut d'auto-entrepreneur car celui-ci fait de vous un travailleur non salarié (TNS). Ce statut vous impose notamment de n'avoir aucun lien de subordination avec vos clients. Par conséquent, le régime de l’auto-entreprise est notamment interdit aux professions suivantes :
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les journalistes professionnels ;
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les correspondants (sous conditions) ;
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les collaborateurs directs de la rédaction des entreprises de presse ;
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les journalistes travaillant pour une entreprise de communication audiovisuelle ou une radio ;
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les journalistes-pigistes.
En revanche, vous avez la possibilité de cumuler votre activité de journaliste professionnel avec une activité secondaire non journalistique sous le statut d'auto-entrepreneur. Pour cela, vous devez toutefois respecter quatre grandes conditions.
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Respecter votre clause d'exclusivité : vous devez vérifier si votre contrat de travail ou votre lettre d'engagement contient une clause d'exclusivité. Si tel est le cas, celle-ci vous interdit d'avoir une activité en parallèle de votre travail salarié et donc d'être auto-entrepreneur. Pour être valable, cette clause doit toutefois être justifiée par la nature de votre activité, essentielle à la protection des intérêts de l'entreprise et proportionnée au but recherché.
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Respecter votre devoir de confidentialité : la clause de confidentialité vous interdit de divulguer des informations dont vous avez eu connaissance à travers votre travail de salarié pour l'entreprise de presse. Vous ne pouvez donc pas tirer profit de ces renseignements dans le cadre d'une activité secondaire avec le statut de micro-entrepreneur.
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Ne pas faire concurrence : à l'issue de votre collaboration avec l'entreprise de presse, la clause de non concurrence peut vous interdire d'avoir une activité équivalente à votre activité salariée, notamment à titre indépendant. Elle n'est toutefois que rarement applicable aux journalistes souhaitant avoir une activité annexe via une auto-entreprise.
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Être loyal : en tant que salarié, vous devez respecter le principe de loyauté envers l'entreprise de presse avec laquelle vous collaborez. À ce titre, vous devez notamment informer votre employeur de votre volonté de créer une auto-entreprise en parallèle de votre activité principale de journaliste. Vous ne devez pas non plus démarcher les clients de l'entreprise de presse sans l'autorisation de l'employeur, ni exercer votre activité d'auto-entrepreneur durant vos heures de travail.
Lire aussi : Comment cumuler salariat et auto-entreprise ?
Rédacteur auto-entrepreneur : une alternative au métier de journaliste
En complément de votre activité de journaliste professionnel, vous pouvez créer une auto-entreprise de rédaction pour exercer une activité annexe, à condition que celle-ci n’ait pas de caractère journalistique.
keyboard_arrow_rightUne activité complémentaire à celle de journaliste
À condition de respecter votre devoir de loyauté envers l'entreprise de presse vous salariant, vous pouvez devenir en parallèle rédacteur avec le statut d'auto-entrepreneur. Cette activité consiste à rédiger du contenu non journalistique pour divers clients, notamment pour des sites Internet, des blogs, des fiches produit, des plaquettes ou encore des documents commerciaux.
Votre activité de rédacteur indépendant doit être secondaire à votre activité de journaliste professionnel. De plus, vous ne pouvez pas l’exercer pour le compte de sociétés de presse. Dans le cas contraire, elle pourra être assimilée à du salariat déguisé. En revanche, vous pouvez proposer vos services à plusieurs types d’entreprises, dont :
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des annonceurs : vous pouvez travailler directement pour des entreprises ayant besoin de créer du contenu écrit. Vous pouvez notamment les trouver via des plateformes de mise en relation ;
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des agences éditoriales : vous pouvez également être référencé auprès d'une agence spécialisée dans la production de contenus éditoriaux. Son rôle sera de vous placer auprès de différents annonceurs selon vos domaines de prédilection (automobile, high tech, société, lifestyle, etc.) ;
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des particuliers : bien que cela soit plus rare, vous pouvez aussi rédiger du contenu pour des clients particuliers, notamment pour la rédaction d'un site personnel ou d'un livre par exemple.
En revanche, vous ne pouvez pas exercer une activité d'auteur ou d'écrivain avec le statut d'auto-entrepreneur. Celles-ci dépendent de la Sécurité sociale des artistes-auteurs (anciennement Agessa et Maison des Artistes) et sont donc interdites sous le régime de l'auto-entreprise.
Lire aussi : Quelles activités sont autorisées en auto-entreprise ?
keyboard_arrow_rightLa recherche de missions de rédaction
Bien que votre activité principale soit journaliste professionnel, vous ne pouvez pas utiliser celle-ci pour trouver des clients, au risque de manquer à votre devoir de loyauté envers l'entreprise de presse vous employant. C'est pourquoi, vous disposez d'autres leviers pour développer votre clientèle pour votre activité secondaire de rédacteur en auto-entreprise.
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Les plateformes de mise en relation : à l'image de Malt ou de Crème de la Crème, vous pouvez vous inscrire sur des plateformes référençant des travailleurs freelances, dont des rédacteurs par exemple. Vous pourrez ainsi être démarché par des clients pour leurs projets.
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Les agences éditoriales : vous pouvez également démarcher des agences de contenu afin d'être référencé parmi leurs « talents ». Elles pourront ainsi vous placer auprès de divers annonceurs, notamment selon vos secteurs de prédilection.
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Les plateformes de production éditoriale : vous pouvez aussi vous inscrire sur des sites référençant des projets de rédaction, auxquels vous pouvez postuler. Cette solution est toutefois à utiliser avec parcimonie car les tarifs y sont généralement très faibles.
keyboard_arrow_rightNos conseils pour devenir rédacteur auto-entrepreneur
Pour développer votre activité de rédacteur micro-entrepreneur, en parallèle de votre activité de journaliste, vous pouvez adopter certains bons réflexes :
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créer un portfolio des contenus que vous avez rédigés afin de présenter vos meilleures réalisations ;
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vous former pour développer vos compétences, notamment dans le web (SEO, SEA, Google Analytics, etc.) ;
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vous spécialiser dans un ou plusieurs domaines (finance, immobilier, société, automobile, etc.) afin d'avoir une réelle plus-value à offrir ;
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diversifier vos prestations pour avoir davantage de compétences à proposer à vos clients (conseil SEO, stratégie éditoriale, community management, etc.) ;
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être visible en ligne, notamment en créant une page Internet, un profil LinkedIn ou encore un profil sur une plateforme de mise en relation.
Vous pouvez également créer une auto-entreprise pour exercer une activité secondaire n’ayant rien à voir avec la rédaction : fleuriste, coach sportif ou encore décorateur par exemple.
Pour aller plus loin : Comment devenir rédacteur auto-entrepreneur ?