De nombreux créateurs de micro-entreprises pensent qu’en l’absence de chiffre d’affaires, ils n’auront rien à payer. Cette idée est largement répandue et semble logique : pas de revenus, donc pas de charges.
La réalité est un peu plus nuancée. Il est vrai que les cotisations sociales disparaissent sans chiffre d’affaires, mais certaines taxes annexes restent dues. C’est ce qui surprend beaucoup de micro-entrepreneurs lorsqu’ils reçoivent leurs premiers avis d’imposition.
Le fonctionnement de la micro-entreprise repose sur un principe clair : les cotisations sociales sont calculées en pourcentage du chiffre d’affaires encaissé.
Cela signifie que si vous facturez zéro euro, vous payez zéro euro de cotisations. C’est d’ailleurs l’un des avantages majeurs de ce régime, car il s’adapte automatiquement à l’activité réelle.
Ainsi, un micro-entrepreneur qui réalise 1 000 € de chiffre d’affaires paiera uniquement un pourcentage sur cette somme (environ 12,3% pour une activité commerciale, ou 21,2 % pour des prestations de services). Mais s’il ne réalise aucun chiffre d’affaires, il ne verse aucune cotisation sociale.
Jusqu’ici, le mythe semble vrai. Mais il manque une partie importante de l’équation.
En savoir plus : Les cotisations fiscales et sociales de l’auto-entrepreneur
Même si vous ne réalisez aucun chiffre d’affaires, vous pouvez être redevable de la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE). Cette taxe locale concerne toutes les entreprises, y compris les micro-entrepreneurs.
La CFE est calculée en fonction de la commune d’implantation et de la base minimale fixée localement. La première année civile d’activité, vous bénéficiez d’une exonération automatique, mais dès la deuxième année, vous êtes redevable, même si votre chiffre d’affaires reste nul.
C’est souvent à ce moment-là que beaucoup d’indépendants découvrent que « zéro chiffre d’affaires » ne signifie pas « zéro charge ».
À lire aussi : La Cotisation foncière des entreprises (CFE) en auto-entreprise
En micro-entreprise, chaque déclaration de chiffre d’affaires génère également une petite contribution destinée à financer la formation professionnelle. Son taux est très faible, compris entre 0,1% et 0,3% du chiffre d’affaires selon l’activité.
Si vous n’encaissez rien, vous ne cotisez rien. Cela semble être un avantage, mais il faut savoir que vous n'avez aucun droit à la formation. Autrement dit, si vous restez plusieurs mois sans chiffre d’affaires, vous ne pourrez pas mobiliser de budget de formation financé par l’État.
L’absence de chiffre d’affaires a donc aussi pour conséquence de limiter vos droits sociaux.
Mieux comprendre : Le droit à la formation des auto-entrepreneurs
En plus de la CFE et de la contribution à la formation professionnelle, certaines activités spécifiques peuvent entraîner des taxes supplémentaires. C’est par exemple le cas de la vente d’alcool, de la location meublée de courte durée ou encore de certaines professions réglementées.
Ces prélèvements existent indépendamment du chiffre d’affaires, ce qui renforce l’importance de bien se renseigner avant de lancer ou de conserver une micro-entreprise inactive.
Prenons un exemple pour illustrer. Un micro-entrepreneur crée son activité en janvier. La première année, il n’a pas de clients et ne facture rien. Ses charges sociales s’élèvent donc à zéro, et il bénéficie de l’exonération de CFE.
L’année suivante, toujours sans chiffre d’affaires, il ne paie pas de cotisations sociales, mais il reçoit un avis de CFE d’environ 300 €. De plus, il n’a acquis aucun droit à la formation professionnelle, car il n’a pas cotisé.
Cet exemple montre clairement que même sans revenus, la micro-entreprise peut générer des charges incompressibles.
Pour ne pas être pris au dépourvu, il est conseillé d’anticiper ces frais fixes. Si vous savez que vous n’allez pas exercer, il peut être plus judicieux de fermer la micro-entreprise plutôt que de la laisser active.
Dans certains cas, des exonérations existent. Certaines communes accordent des réductions de CFE, notamment pour les nouvelles activités, les artisans ou les entreprises situées dans des zones spécifiques. Se renseigner en amont permet d’éviter des frais inutiles.
Enfin, si vous prévoyez de reprendre votre activité plus tard, il peut être intéressant de maintenir un petit chiffre d’affaires afin de cotiser et de conserver vos droits à la formation.
Dire que les charges sociales sont nulles sans chiffre d’affaires est vrai… mais seulement en partie. Les cotisations sociales disparaissent effectivement, mais la CFE et d’autres taxes annexes peuvent rester dues, même si vous n’avez rien facturé.
En résumé, pas de chiffre d’affaires signifie pas de cotisations sociales, mais pas nécessairement zéro charge. Il est donc essentiel de bien comprendre la différence entre cotisations sociales et fiscalité locale pour éviter les mauvaises surprises et gérer efficacement sa micro-entreprise.
Ces articles peuvent aussi vous intéresser
6 avantages de la formation continue pour les auto-entrepreneurs : Comment rester à la pointe de votre secteur ?
Chiffre d'affaire et bénéfices, quelle est la différence ?
Que faire en cas de dépassement du chiffre d'affaires ?
le 23/04/2025
le 28/05/2025
le 06/08/2025
le 21/05/2025
le 03/09/2025
/
Blog/
Déconstruire un mythe : Les charges sociales sont nulles si pas de chiffre d’affaires
© 2015-2025