À 37 ans, Maxime Daniel a déjà une belle expérience de l’auto-entreprise. La particularité ? Il n’a pas juste une, mais deux activités. Chauffeur VTC et artisan-marchand de meubles, il a su tirer profit de ses études et de ses expériences pour mener deux activités de front, avec audace et ingéniosité. Pour Espace Auto-entrepreneur, cet autodidacte raconte son parcours et sa vision de l’auto-entreprise.
J’ai fait des études supérieures en commerce et techniques de commercialisation jusqu’en licence. Je cumulais mes études avec un petit boulot étudiant de concierge dans un hôtel de luxe. J’aimais bien ce travail et, à la fin de mes études, j’ai finalement continué dans l’hôtellerie. Ça a duré 8 ans. J’ai beaucoup voyagé grâce à ce métier : je travaillais l’été à La Baule d’où je viens, et l’hiver dans les Antilles. J’ai dû arrêter, car il devenait de plus en plus compliqué d’avoir un logement stable aux Antilles, ce qui ne me convenait plus. Après ma dernière saison, j’ai décidé de me mettre à mon compte. C'était en 2018.
Je n’avais plus envie de travailler pour quelqu’un et j’aime travailler seul de manière générale. Je suis aussi assez débrouillard. Déjà au collège, je vendais des bonbons dans la cour de récré : je pense que c’est une question de tempérament. Je n’ai pas non plus d’entrepreneur dans ma famille. L’auto-entreprise, c’était la meilleure option pour tester une activité avec peu de charge, comme chauffeur VTC. De plus, on peut se lancer dans beaucoup de domaines d’activité.
Quand j’étais concierge dans l’hôtellerie, c’est moi qui commandais les taxis et les VTC pour les clients. Je me suis dit : “pourquoi ne pas créer mon propre service ?”. En plus, grâce à mon expérience et mon réseau d’hôtels et de restaurants, j’avais déjà un vivier de clients potentiels. Ça a été très simple : il a suffi de passer une épreuve pour obtenir ma carte professionnelle et d’acheter une voiture. Ensuite, grâce à mes contacts, j’ai tout de suite trouvé du travail.
J’ai décidé de ne pas m’associer à une application type UBER, car je ne voulais pas en être dépendant et verser une commission sur mes courses. Aujourd’hui, j’organise mon propre planning et mes clients, dont certains sont réguliers. J’ai des clients d’hôtels qui ont besoin d’être récupérés à l’aéroport, des personnes âgées pour leurs déplacements, des restaurants pour leurs clients, des familles qui se retrouvent dans leur maison secondaire…
Au bout d’un an et demi de VTC, je me suis rendu compte qu’à La Baule et aux environs, l’activité était très saisonnière. Il y a du monde en été et l’hiver, c’est très calme. Je me suis dit : pourquoi pas trouver une autre activité l’hiver ? Puis, je ne voulais plus avoir d’horaires de nuits en VTC, des coupures de sommeil, des clients nocturnes aux comportements parfois problématiques.
L’idée des meubles est venue un peu par hasard. J’ai commencé par m’intéresser au travail du bois en restaurant et revendant les meubles d’une maison achetée par mes parents. Je faisais ça dans leur garage et ça m’a beaucoup plu. C’est apparu comme une activité intéressante à développer l’hiver quand j’avais moins de courses. Je me suis alors renseigné auprès de la Chambre de commerce et d'industrie et j'ai vu qu'on pouvait rajouter une activité sur une auto-entreprise. Il suffit de respecter quelques règles : il faut avoir une activité principale et une activité secondaire, et que l’activité principale soit la plus grosse source de chiffres d'affaires.
J’ai donc commencé comme ça et maintenant, c'est devenu mon activité principale : j’ai un atelier de restauration/finitions et j’importe des meubles, notamment d’Indonésie, un pays où j’ai beaucoup voyagé pour le surf, mon autre passion.
Ça me permet de gérer la saisonnalité de mon activité de VTC. Au-delà de ça, je peux me permettre de ne plus avoir d’horaires complètement décalés et de ne plus travailler la nuit, comme je le faisais avant et comme c’est le cas de beaucoup de chauffeurs. Aujourd’hui, j’ai un emploi du temps certes chargé, mais plus flexible. Comme depuis 2 ans, c'est mon activité secondaire, je prends les courses qui m’arrangent, je travaille le week-end si je le souhaite et je choisis mes périodes de vacances.
Globalement non, il suffit juste d’être organisé et de bien séparer les deux chiffres d’affaires. Je n’ai qu’une seule déclaration sur laquelle je note bien les deux chiffres d’affaires pour les deux activités services et vente de marchandises. Pour ma part, je note tout au cas où l’Urssaf me demanderait des informations. La seule difficulté est que j’ai plus de charges pour mon activité de vente de meubles. Je dois payer la TVA à l’arrivée des meubles en France, et je ne la récupère pas ; je paye aussi un loyer pour mon atelier. Il faudrait que je consulte un comptable pour étudier la question de faire évoluer ou non mon auto-entreprise. Pour l’instant ça fonctionne bien comme ça, mais il me faudrait vraiment de l’aide pour savoir ce que je peux modifier pour optimiser mon activité. C’est une question que je me pose pour la suite.
Même si c’est simple, il m’est quand même arrivé d’avoir des problèmes administratifs à régler : un jour, l'Urssaf m’a envoyé une convocation. C'était en fait l’erreur d’un agent administratif qui avait enregistré un Siret supplémentaire à mon nom. Les impôts m’ont aussi réclamé une taxe que je ne devais pas payer en tant qu’artisan. C’est toujours un peu contraignant à régler, il faut tomber sur la bonne personne, mais ça finit par s’arranger. Aujourd’hui, mis à part ma déclaration tous les mois, je n’ai pas de contact avec l’administration.
C’est de l’organisation et j’ai testé des choses qui n’ont pas fonctionné, comme importer des scooters d’Indonésie, avant les meubles. Je me suis rendu compte que ça n'était pas du tout ma spécialité. Ceci dit, je pense qu’on peut tout essayer, justement, grâce à ce statut. Au début, je ne m’y connaissais pas en meubles. À force de faire venir des conteneurs, j’ai appris à affiner mes commandes et à connaître ce milieu. On peut se lancer dans tout et n’importe quoi, il suffit de le faire de manière logique et sérieuse. Je pense que, le plus important, ça n’est pas forcément l’idée, mais la manière dont on le fait.
Cette année, le projet est de développer l’activité “meubles” pour que la partie chauffeur VTC devienne vraiment secondaire. Avant par exemple, je développais le VTC avec des campagnes AdWords, etc, pour recevoir plus d’appels. J’ai décidé de ne plus investir là-dedans, mais de me concentrer sur l’artisanat et la revente de meubles. Depuis un an et demi, j'ai un atelier et je voudrais monter mon showroom, avec des clients sur rendez-vous et de l’expédition sur toute la France grâce à mon site internet. Comme je voudrais continuer à travailler seul et à gérer mes horaires à ma manière, je ne souhaite pas avoir de magasin avec un employé. En tout cas, ce n'est pas comme ça que j’envisage les choses.
Sans forcément le chercher, il m’est arrivé de conduire des clients et, tout en discutant en voiture, de finir par leur vendre des meubles. Finalement, même si les deux activités sont bien différentes, on peut toujours trouver des ponts !
Si on souhaite se lancer dans une activité de service avec peu de charges, l’auto-entreprise reste la meilleure solution. Et si en plus, on préfère travailler seul et sans velléités d’employer, il ne faut même pas se poser la question ! Je conseillerais aussi de bien se renseigner, notamment sur les aides et les possibilités d’indemnités de chômage avec France Travail. Moi, je n’étais pas très renseigné et je suis passé à côté malheureusement.
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Maxime Daniel, chauffeur VTC et artisan. “Le plus important, ça n’est pas forcément l’idée, mais la manière dont on le fait.”
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