Reconversion : Comment quitter son travail pas à pas et devenir auto-entrepreneur ?
15/06/2023 Conseils pour entreprendreChacun de nous a, à un moment donné, rêvé de quitter son poste salarié pour se lancer dans l'aventure de l'entrepreneuriat. Si vous vous retrouvez sur cette page aujourd'hui, c'est probablement parce que vous vous interrogez sur la manière de quitter votre travail actuel pour suivre vos aspirations professionnelles. Pourtant, il ne s'agit pas d'une démarche à prendre à la légère. La reconversion professionnelle requiert une préparation minutieuse et une série de décisions mûrement réfléchies. Dans cet article, nous vous proposons un guide pour vous accompagner pas à pas dans cette transition, depuis votre situation de départ jusqu'à la création de votre statut d'auto-entrepreneur. Nous identifierons ensemble les pièges à éviter, les ressources nécessaires et les meilleures stratégies pour faire de cette reconversion un succès. Prêt à faire le grand saut ?
Préparer son projet de reconversion
La première étape pour quitter son travail et devenir auto-entrepreneur est de préparer son projet de reconversion en amont. En effet, un projet mûrement réfléchi facilitera toutes les étapes suivantes et augmentera vos chances de succès.
Définissez vos motivations et aspirations
Avant de quitter votre emploi actuel, il est important de vous poser pour réfléchir à ce que vous recherchez réellement dans votre vie personnelle et professionnelle. Voici les motivations principales des personnes qui souhaitent devenir auto-entrepreneur :
- La volonté d’être indépendant,
- L’envie de relever de nouveaux défis,
- Le souhait d’exercer un métier qui a du sens pour soi,
- La volonté de générer de meilleurs revenus,
- Le souhait de saisir une opportunité,
- La volonté d’exercer un travail permettant une plus grande flexibilité.
Les motivations et aspirations sont propres à chacun. Prendre le temps de déterminer vos aspirations personnelles et professionnelles vous aidera à déterminer le type d'activité qui pourrait vous satisfaire.
Réaliser un bilan de compétences
Un bilan de compétences peut être une excellente aide pour orienter votre projet de reconversion. Ce bilan vous permet d'évaluer vos forces, vos faiblesses, vos compétences et vos aptitudes. Il peut vous aider à identifier les domaines dans lesquels vous excellez et ceux dans lesquels vous pourriez avoir besoin d'amélioration ou de formation supplémentaire.
Analyser la viabilité de votre projet sur le marché
Une fois que vous avez une idée précise de ce que vous souhaitez faire, il est crucial d'examiner la viabilité de votre projet sur le marché. Quelle est la demande pour votre produit ou service ? Qui sont vos concurrents potentiels ? Quel est le public cible de votre produit ou service ? Une analyse de marché approfondie vous aidera à affiner votre idée et à déterminer si elle est commercialement viable. À ce stade, vous pouvez déjà commencer à rédiger un business plan pour présenter votre projet aux différents organismes qui pourront vous accompagner pendant votre reconversion.
Envisager des formations
Si votre projet de reconversion nécessite des compétences ou des connaissances que vous ne possédez pas encore, il peut être nécessaire d'envisager des formations. Il existe une multitude de formations disponibles, en ligne ou en présentiel. Certaines sont finançables via votre compte personnel de formation (CPF) et peuvent vous aider à acquérir les compétences nécessaires pour votre nouvelle activité. Il est donc important de se renseigner sur les options disponibles et de choisir la formation qui convient le mieux à vos besoins et à votre emploi du temps.
Quitter son CDI : 3 options s’offrent à vous
Maintenant que votre projet professionnel est défini, il est temps de réfléchir à la meilleure manière de vous émanciper de votre emploi actuel.
Il existe 3 options pour quitter votre CDI et devenir auto-entrepreneur :
- Prendre un congé ou un temps partiel pour création d’entreprise,
- Négocier une rupture conventionnelle,
- Démissionner.
Nous allons explorer ces 3 solutions, pour que vous puissiez choisir celle qui convient le mieux à votre situation.
Prendre un congé ou temps partiel pour création d’entreprise
En tant que salarié, vous avez le droit de prendre un congé pour création d’entreprise. Ce congé dure un an maximum (renouvelable une fois) et vous offre l’avantage de pouvoir reprendre votre poste une fois le délai passé. C’est la solution idéale pour les personnes qui souhaitent tester leur projet avant de tirer une croix définitive sur la vie de salarié.
Néanmoins, il faut prendre en compte que le congé pour création d’entreprise n’est pas rémunéré. Vous ne toucherez donc pas de salaire ni d’allocation chômage pendant ce temps-là.
Pour prétendre à ce type de congé, vous devez avoir 24 mois d'ancienneté, consécutifs ou non, dans l'entreprise. Toutefois, cette durée peut être différente si une convention collective ou accord collectif le précise.
Votre demande doit être adressée à l’employeur par écrit au moins 2 mois avant la date de départ envisagée. Celui-ci peut donner son accord, demander un report du départ en congé (pendant une période de 6 mois maximum) ou refuser. S'il y a refus, vous pourrez le contester dans les 15 jours à compter de la réception du refus, auprès du conseil de prud'hommes.
Une autre option plus douce pour vous lancer dans cette nouvelle aventure est le passage en temps partiel. Les conditions sont les mêmes que pour le congé pour création ou reprise d’entreprise, mais vous continuez à bénéficier d’une rémunération partielle, à hauteur du temps travaillé.
Négocier une rupture conventionnelle
Signer une rupture conventionnelle est sans aucun doute la meilleure solution pour quitter votre travail sans risquer d’instabilité financière.
La rupture conventionnelle est une procédure qui permet à l'employeur et au salarié de convenir d'un commun accord de la fin du contrat de travail à durée indéterminée (CDI).
Considérée comme un licenciement, elle vous permet de bénéficier de vos allocations chômage (ARE) et de prétendre à des aides à la création d’entreprise comme l’ACRE et l’ARE. Malheureusement, cette option n’est pas forcément avantageuse pour les employeurs puisqu’elle implique le paiement d’indemnités de fin de contrat. C’est pourquoi, de nombreuses entreprises refusent d’accorder une rupture conventionnelle à ses salariés.
Voici quelques conseils pour mettre toutes les chances de votre côté lors de votre demande de rupture conventionnelle :
- Évitez d’envoyer votre demande de rupture conventionnelle par courrier, sans en avoir parlé au préalable avec vos supérieurs. Votre employeur pourrait se sentir piégé ou pris au dépourvu. À la place, fixez un entretien privé pour aborder le sujet de vive voix.
- Évoquez les raisons de votre départ et votre souhait de vous lancer à votre compte.
- Utilisez des arguments pour expliquer que votre licenciement est la meilleure solution pour l’entreprise. Par exemple, vous pouvez évoquer la possibilité de réduire l’effectif de l’entreprise si celle-ci connaît des difficultés économiques. Ou encore la possibilité de recruter un élément plus motivé pour évoluer sur votre poste.
- Soyez ouvert et conciliant et montrez que vous êtes prêt à faire des compromis. Vous pouvez par exemple proposer d’effectuer un préavis plus long ou de former votre remplaçant pour que la transition soit plus simple pour votre équipe.
Gardez en tête que dans tous les cas, votre employeur n’est pas obligé de donner son accord pour une rupture conventionnelle.
Si vous parvenez à obtenir une rupture conventionnelle, vous pourrez alors bénéficier des indemnités suivantes :
- L’indemnité de licenciement qui correspond au moins à 25 % du salaire mensuel brut par année dans l’entreprise. Ce montant peut être négocié à la hausse.
- Le prorata des différentes primes contractuelles : treizième mois, intéressement, participation, etc.
- Le solde des congés payés et des RTT.
Si ce n’est pas le cas, il vous reste toujours l’option de la démission, qui, sous certaines conditions, peut vous permettre de garder vos droits au chômage.
Démissionner de votre CDI
La dernière option pour quitter votre travail et vous lancer dans l’entrepreneuriat est la démission. Malheureusement, celle-ci n’ouvre pas de droits au chômage, à moins d’être dans l’une des situations suivantes :
- En cas de démission considérée comme légitime par le régime d’assurance chômage : non-paiement des salaires, volonté de suivre son conjoint qui change de région pour exercer une nouvelle activité professionnelle, départ pour mariage ou PACS entraînant un changement de résidence…
- En cas de démission pour reconversion professionnelle ou création d’entreprise (à condition de justifier de certaines conditions).
Si vous êtes dans la deuxième situation, il existe un dispositif démissionnaire. Voici les étapes et démarches pour démissionner de votre CDI pour créer une entreprise tout en étant éligible à l'allocation chômage :
- Vérifier les conditions d'éligibilité : Vous devez être en CDI dans le secteur privé, avoir travaillé au moins 5 années continues chez un ou plusieurs employeurs, et avoir un projet de reconversion professionnelle sérieux et concret.
- Consulter un conseiller en évolution professionnelle (CEP) : Selon votre statut, l'interlocuteur varie (un opérateur privé pour un salarié, l'APEC pour un cadre, CAP Emploi pour une personne en situation de handicap). Ce dispositif est gratuit et votre conseiller vous aidera à créer le document présentant votre projet.
- Remplir le formulaire reconversion professionnelle nécessitant le suivi d’une formation (si nécessaire) : Vous devez y indiquer le nom de votre formation et expliquer pourquoi vous l'avez choisie. Le document doit comprendre vos motivations, les compétences déjà acquises et celles à assimiler, le futur métier envisagé, les modalités de financement de la formation. Il doit également comporter vos perspectives d’emploi et débouchés à l'issue de votre formation.
- Remplir le formulaire de démission pour un projet de création ou reprise d'entreprise : vous devrez fournir des informations sur la formation nécessaire (si applicable), un business plan, une analyse du marché, les moyens financiers de l'entreprise ainsi que le statut de l'entreprise une fois créé.
- Envoyer votre dossier complet sur le site internet de l'organisme de transition professionnelle de votre région : Votre dossier sera étudié en commission et vous recevrez une réponse dans un délai de 2 mois. Si la décision est positive, vous recevrez une attestation confirmant le sérieux de votre projet. Si la réponse est défavorable, vous avez la possibilité d’exercer un recours gracieux dans un délai de 2 mois.
- Démissionner officiellement de votre entreprise : Une fois que votre projet est officiellement validé, envoyez votre lettre de démission à votre employeur.
- S’inscrire à Pôle Emploi comme demandeur d'emploi : Après la fin de votre préavis, inscrivez-vous à Pôle Emploi dans les 6 mois qui suivent l'obtention de l'attestation pour bénéficier de l'allocation chômage.
Pôle Emploi vérifiera que vous assistez bien à votre formation ou poursuivez les étapes de création ou reprise de votre entreprise. Ce dispositif démissionnaire vise à vous assurer une stabilité financière tout en vous permettant de vous reconvertir ou de créer votre propre entreprise.
Lire aussi : L'allocation de retour à l'emploi (ARE) : l'essentiel à savoir
S'inscrire à Pôle Emploi
Maintenant que vous avez officiellement démissionné de votre emploi salarié, il est temps de vous inscrire à Pôle Emploi.
Voici les étapes pour cumuler le chômage avec votre activité d’auto-entrepreneur :
- Inscrivez-vous sur le site de Pôle Emploi. Vous avez la possibilité de vous inscrire dès le jour suivant la fin de votre contrat de travail. Pour minimiser les délais d'indemnisation, il est recommandé d'effectuer cette démarche au plus vite. Il est impératif de leur remettre votre attestation employeur. En fonction des données que vous leur fournirez, Pôle Emploi établira votre salaire de référence. C'est sur cette base que votre Allocation de Retour à l'Emploi (ARE) est calculée.
- Informez Pôle Emploi de votre activité non-salariée. Vous pouvez le faire lors de votre première actualisation ou lors de votre rencontre avec votre conseiller.
- Vous devrez également remplir un formulaire de déclaration d’activité et fournir un justificatif de votre micro-entreprise.
- Réalisez votre actualisation en déclarant votre situation sur votre espace personnel, à partir du 28 de chaque mois. L’actualisation mensuelle permet de maintenir votre inscription et de déclencher le versement de votre allocation. Pôle emploi calcule automatiquement le montant de votre ARE en fonction des revenus de votre micro-entreprise.
Créer sa micro entreprise
Le moment tant attendu est arrivé : la création de votre propre micro-entreprise ! Cette démarche simple et rapide vous permet d’exercer rapidement votre activité, sans devoir engager de frais de création d’entreprise.
Les étapes à suivre pour créer votre micro-entreprise sont les suivantes :
- Effectuer votre déclaration de micro-entreprise en ligne. Depuis janvier 2023, cette démarche s’effectue obligatoirement via le portail e-Procédures, guichet unique de l’INPI,
- Fournir les informations et documents nécessaires à votre immatriculation et remplir le formulaire Cerfa P0 micro-entrepreneur,
- Votre demande est transmise au Centre de formalités des entreprises (CFE) dont votre activité dépend,
- Attendre entre 8 et 15 jours avant de recevoir son numéro SIRET de la part de l’Insee.
Si vous souhaitez bénéficier d’un accompagnement et suivi personnalisé, cette démarche peut se faire par l’intermédiaire d’une plateforme en ligne telle que espace-autoentrepreneur.com
Voilà, vous êtes maintenant prêt à trouver des clients et à encaisser vos premiers revenus d’auto-entrepreneur ! Quitter le cocon du salariat pour se lancer dans l’entrepreneuriat est un chemin semé d'embûches. Mais en suivant toutes les étapes mentionnées dans cet article, vous pourrez quitter votre travail sereinement pour commencer ce nouveau chapitre de votre vie.
Lire aussi : Auto-entrepreneur : un statut idéal pour une reconversion professionnelle