Alors que septembre marque la rentrée économique pour les entreprises tricolores, dont les auto-entreprises, les auto-entrepreneurs semblent peu confiants dans leurs perspectives d’activité à court terme. C’est en tout cas ce que nous révèle un sondage de la FNAE, mettant en lumière les difficultés des indépendants et demandant au gouvernement d’alléger les conditions d’accès au fonds de solidarité.
À l'occasion de la rentrée, la Fédération nationale des auto-entrepreneurs (FNAE) s'est intéressée à la situation des auto-entreprises suite à la période de crise sanitaire. À travers une quatrième enquête menée depuis le début du confinement, baptisée « Sondage Les autoentrepreneurs face au Coronavirus réalisé par la Fédération Nationale des Autoentrepreneurs le 03 septembre 2020 » (1), l'organisation professionnelle a recueilli les réponses de 3 305 travailleurs indépendants via Internet.
Premier enseignement ? Malgré le plan de relance mis en place par le gouvernement pour les PME et les indépendants, seul 1 auto-entrepreneur sur 5 a pu reprendre son activité normalement en septembre. De manière plus générale, la situation reste globalement positive puisque près de 92 % des indépendants ont pu reprendre leur activité après la levée du confinement, au moins de manière partielle. Quant aux autres, à savoir environ 8 % des sondés, ils sont confrontés à une fermeture administrative ou ce sont leurs clients qui le sont (restaurant, discothèque, musée, etc.).
Malgré ces signaux encourageants, le sondage de la FNAE nous apprend que les auto-entrepreneurs ne sont pas forcément très optimistes en ce qui concerne leur activité à court terme. Ainsi, moins de 12 % des travailleurs indépendants estiment que leur chiffre d'affaires de septembre 2020 sera au moins équivalent à celui de septembre 2019. Plus significatif encore, 65 % des auto-entrepreneurs pensent que leur résultat sera au moins divisé par 2 sur la période. On constate d'ailleurs d'importantes disparités de prévisions selon la nature de l'activité. Pour preuve, seuls 7,66 % des indépendants artisanaux estiment qu'ils ne réaliseront pas de chiffre d'affaires durant ce mois, alors qu'ils sont 14,56 % chez les libéraux et même près de 20 % pour les professions commerciales.
Bienvenue à l’heure de la reprise d’activité économique, cette enquête nous apprend également que toutes les activités ne sont pas logées à la même enseigne face à la crise sanitaire. Alors que l'impact du Covid-19 sur les auto-entrepreneurs digitaux est relativement limité, d'autres font les frais de la conjoncture : plus d'une auto-entreprise sur 5 évoluant dans la communication, les médias, les services au entreprises, le sport, les loisirs ou le tourisme pense n’avoir aucune activité en septembre 2020. Plusieurs autres professions sont également concernées, dans une moindre mesure cependant, à l'image de celles appartenant au secteur de l'agroalimentaire, du transport, de la logistique et des arts graphiques. A contrario, certains secteurs pâtissent beaucoup moins de la crise sanitaire et ne sont impactés que modérément par le coronavirus. C'est le cas principalement des auto-entrepreneurs de la santé, du textile, de l'ameublement, de la construction et des services à la personne.
Face à cette crise économique, les sondés sont nombreux à avoir profité des aides de l’État pour les auto-entreprises touchées par le Covid-19. Pour preuve, près de 9 auto-entrepreneurs sur 10 ont pu bénéficier d’au moins une des aides mises en place. Cependant, tous les dispositifs n'ont pas été aussi utiles les uns que les autres. À titre d'exemple, 81 % des sondés ont profité du fonds de solidarité de 1 500 €, au moins à une reprise. En revanche, ils ne sont qu'entre 11 et 13 % à avoir bénéficié de l'aide du CPSTI plafonnée à 1 250 €, de l'aide de la Cipav plafonnée à 1 392 € ou des délais de paiement accordés par l'URSSAF. Les autres aides ne semblent, en revanche, avoir concerné qu'un nombre peu significatif d'indépendants, à l'image des indemnités journalières pour garder ses enfants, du Prêt garanti par l'État, de l'allongement des indemnités chômage ou encore de l'accompagnement de l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique).
Si ces dispositifs ont été salvateurs pendant le confinement, les auto-entrepreneurs ont toutefois pu difficilement en profiter durant l’été. Pour preuve, les indépendants n’ont été que 18 % a touché le fonds de solidarité en août, malgré sa reconduction jusqu’à la fin de l’année (uniquement pour certains secteurs d’activité). Les critères d'éligibilité étant désormais beaucoup plus stricts que par le passé, les auto-entrepreneurs sont nombreux à avoir été écartés du dispositif, notamment en raison d'un décalage de trésorerie, d'un code APE non éligible ou encore d'une activité non concernée par la prolongation du fonds de solidarité.
Le fonds de solidarité représentant la principale aide à destination des auto-entreprises, les sondés demandent - à une écrasante majorité - que les conditions d'accès soient allégées. Pour preuve, près de 85 % des auto-entreprises souhaitent que le fonds de solidarité soit ouvert à tous jusqu'à la fin de l’année 2020 ou, tout du moins, pour les activités pouvant justifier d'une baisse importante de chiffre d'affaires.
Face à cette situation, la Fédération nationale des auto-entrepreneurs se mobilise. Au même titre que l’Adie qui demandait une aide de 3 000 € pour les indépendants, sans gain de cause jusqu’à présent, la FNAE propose une piste aux pouvoirs publics : l'ouverture du fonds de solidarité pour tous les secteurs jusqu'à fin décembre, avec un montant dégressif et sur justification de la perte de chiffre d'affaires. À en croire l'organisation professionnelle, cela permettrait d'éviter entre 200 000 et 300 000 fermetures d'auto-entreprises dans les mois qui viennent (2). De quoi convaincre le gouvernement ? Les semaines qui viennent nous apporteront probablement la réponse.
Sources :
(1) Les autoentrepreneurs face au Coronavirus en Septembre 2020 - FNAE - 2020
(2) La Fédération des auto-entrepreneurs demande la réouverture du fonds de solidarité - FNAE - 2020
le 31/01/2024
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