Le statut d’auto-entrepreneur (ou micro-entrepreneur) séduit de nombreux freelances, artisans et commerçants en raison de sa simplicité administrative et comptable. Pourtant, derrière cette apparente facilité se cache une réalité fiscale qu’il est essentiel de bien comprendre pour gérer sereinement son activité. Dans cet article, nous vous guidons pour comprendre votre fiscalité et pour apprendre à l’optimiser.
En tant qu’auto-entrepreneur, vous êtes soumis au régime fiscal de la micro-entreprise. Vous ne déclarez pas vos bénéfices, mais votre chiffre d’affaires brut, sur lequel un abattement forfaitaire est automatiquement appliqué pour déterminer votre revenu imposable. Cet abattement varie selon la nature de votre activité :
71% pour les activités de vente de marchandises,
50% pour les prestations de services commerciales,
34% pour les professions libérales relevant des BNC.
Autrement dit, vous êtes imposé sur un pourcentage de votre chiffre d’affaires, et non sur ce qu’il vous reste réellement après dépenses.
Vous relevez également du régime micro-social, qui applique des taux fixes (en pourcentage du chiffre d’affaires) pour les cotisations sociales :
12,3% pour les ventes de marchandises,
21,2 % pour les prestations de services commerciales,
23,2 % pour les professions libérales affiliées à la CIPAV,
24,6 pour les prestations de services non commerciales (BNC).
Ces cotisations sont à verser mensuellement ou trimestriellement selon votre choix.
Vous pouvez aussi opter pour le versement libératoire de l’impôt sur le revenu, un système simplifié où l’impôt est payé en même temps que les cotisations sociales, directement calculé sur le chiffre d’affaires.
En 2025, les seuils de chiffre d’affaires sont les suivants :
188 700 € pour les activités de vente de marchandises,
77 700 € pour les prestations de services.
Si vous dépassez ces seuils pendant deux années consécutives, vous perdez le statut de micro-entreprise et basculez vers un régime réel d’imposition, beaucoup plus complexe.
Ce mécanisme vous permet de régler l’impôt en même temps que vos cotisations sociales, à un taux unique :
1% pour les ventes,
1,7% pour les services commerciaux,
2,2% pour les professions libérales.
Cette option est intéressante si votre revenu fiscal de référence ne dépasse pas un certain plafond. Elle simplifie la gestion mais peut être désavantageuse si vos charges sont importantes (puisque l’impôt est calculé sur le chiffre d’affaires brut).
Vous pouvez choisir la fréquence de vos paiements (mensuel ou trimestriel). Le prélèvement mensuel permet une meilleure répartition des charges dans le temps, tandis que le trimestriel offre plus de flexibilité pour ceux avec une trésorerie plus variable.
Initialement, vous bénéficiez de la franchise en base de TVA, ce qui signifie que vous ne facturez pas la TVA à vos clients et ne la récupérez pas non plus. Mais dès que vous dépassez les seuils suivants deux années de suite, vous en devenez redevable :
41 250 € pour les prestations de services,
93 500 € pour les ventes de marchandises.
Cela implique des obligations déclaratives nouvelles et des ajustements comptables.
Même si vous ne pouvez pas déduire vos frais réels en micro-entreprise, cela ne signifie pas que vous devez les absorber sans stratégie. Plusieurs solutions existent pour limiter leur poids sur votre rentabilité :
Il s’agit d’un mécanisme parfaitement légal permettant de faire payer certains frais par vos clients hors de votre chiffre d’affaires, donc non soumis à impôts ni cotisations sociales. Il peut s’agir d’un billet de train ou d’avion pour se rendre à une mission de l’achat de matériel spécifique à la demande du client, ou encore des frais de port pour l’expédition de produits.
Conditions :
Le client doit donner son accord préalable,
Vous devez établir toutes les factures au nom du client,
Ces frais doivent être refacturés à l’euro près, sans marge.
Cette pratique, appelée "débours", est très utile pour les freelances et prestataires de services. Elle permet de ne pas alourdir artificiellement le chiffre d’affaires avec des dépenses qui ne vous profitent pas réellement.
Si les débours ne sont pas applicables (par exemple, vos factures sont à votre nom), vous pouvez intégrer vos frais dans votre tarif global. Cela ne permet pas une exonération fiscale, mais vous évite de rogner sur votre marge. Attention, cette méthode entraîne une augmentation de votre chiffre d'affaires, ce qui va accroître vos cotisations sociales et votre impôt sur le revenu. Il est donc important d’évaluer ces frais pour ne pas augmenter trop significativement votre fiscalité.
Il est parfois plus avantageux de quitter le régime micro pour passer au régime réel, surtout si :
Vos charges sont élevées,
Vous facturez avec TVA,
Vous souhaitez déduire vos frais professionnels.
N’hésitez pas à réaliser des simulations comparatives ou à consulter un expert-comptable.
L’erreur fréquente des débutants est d’oublier que les cotisations ne sont pas prélevées en temps réel. Il est donc recommandé de mettre de côté environ 25 à 30 % de votre chiffre d’affaires, voire plus selon votre régime fiscal.
L’ Acre (Aide à la création ou reprise d’entreprise) permet une exonération partielle des cotisations sociales durant la première année. Pour en bénéficier, il faut en faire la demande dans les 45 jours suivant la création de l’activité.
Bon à savoir : Vous pouvez désormais faire votre demande d’Acre directement auprès d’Espace Auto-Entrepreneur. Nos experts s’occupent de tout !
D’autres aides existent selon votre zone géographique (ex : ZFU, ZRR) ou votre situation personnelle, comme l’ exonération de la CFE (Cotisation Foncière des Entreprises).
Être auto-entrepreneur ne signifie pas ignorer sa fiscalité, bien au contraire. Pour assurer la pérennité de votre activité, il est essentiel de comprendre vos obligations fiscales, de suivre attentivement votre chiffre d’affaires, et de choisir les options les plus adaptées à votre situation.
En vous appuyant sur les bons outils, en anticipant vos charges et en vous entourant au besoin de professionnels, vous transformerez la fiscalité en un levier – et non en une contrainte.
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