Le disc jockey (DJ) auto-entrepreneur
Vous pouvez devenir disc jockey avec le statut d’intermittent du spectacle ou d’artiste-auteur. Toutefois, le statut d’auto-entrepreneur se montre bien souvent plus approprié pour exercer en tant que DJ, principalement en raison de sa simplicité. Malgré tout, votre micro-entreprise reste soumise à de nombreuses obligations : déclaration Sacem, respect du droit d’auteur, licence d’entrepreneur du spectacle, etc.
En quoi consiste le métier de disc jockey ?
Un professionnel de la scène musicale
Un DJ ou disc jockey est un musicien qui mixe et diffuse de la musique, le plus souvent électronique. Bien que cette profession n’ait pas de définition officielle, le DJ est considéré par la Convention collective du spectacle comme un artiste-interprète qui « utilise les techniques du mixage, scratching, sampling, à partir de musiques, d’instruments, de sons ou de voix enregistrées déjà existants ou produits en direct pour interpréter sur scène une œuvre originale ».
À ce titre, le disc jockey peut intervenir sur plusieurs lieux, notamment :
- pour des événements musicaux : festivals, concerts, etc. ;
- lors de DJ set, organisés notamment en bars, en discothèques et en salles de spectacle ;
- lors d'événements privés organisés par des entreprises ou des particuliers ;
- lors d'une émission de radio.
Une large palette de compétences
Au quotidien, le DJ diffuse de la musique créée par d’autres artistes et peut aussi composer ses propres sons. Pour cela, il doit donc maîtriser de nombreuses compétences techniques, telles que :
- les techniques de mixage et d'enregistrement : égalisation, écho, phasing, roll, etc. ;
- le découpage et la structuration des morceaux (phases musicales, mesures, etc.) ;
- le mix harmonique, consistant à enchaîner deux morceaux avec des tonalités compatibles ;
- le mixage synchronisé, permettant de synchroniser deux morceaux, notamment provenant de différentes sources (CD, vinyle, contrôleur, etc.) ;
- le scratch et son intégration au sein d'un mix.
Mais le disc jockey doit aussi disposer de compétences transverses pour gérer sa carrière d’artiste. En règle générale, il doit notamment maîtriser :
- les principes du community management pour gérer ses réseaux sociaux (Instagram, Facebook, etc.) ;
- les fondamentaux du marketing pour les appliquer à son projet artistique professionnel ;
- les règles relatives aux droits des artistes, ainsi que les fondamentaux du marché musical (production, subventions, distribution, programmation, etc.).
Qui peut devenir DJ indépendant ?
La formation pour devenir disc jockey
Le métier de disc jockey n’est pas réglementé : vous pouvez donc exercer cette profession sans avoir besoin de justifier d’un diplôme ou d’une formation. D’ailleurs, un grand nombre de DJ professionnels sont des autodidactes. Ils ont appris par eux-mêmes en composant depuis chez eux, en multipliant les prestations et parfois grâce à une formation traditionnelle de musique (solfège, pratique d’un instrument, etc.).
Malgré tout, il peut être judicieux de suivre une formation pour perfectionner ses compétences et connaissances, notamment en matière de mixage, de production, d'édition, de composition ou encore d'animation scénique. On distingue plusieurs organismes faisant office de référence en la matière, dont :
- Eanov School qui propose notamment des formations de production MAO, compositeur, beatmaker ou encore ingénieur son ;
- DJ Network qui propose notamment des formations de DJ producteur, production musicale, mixage et mastering, performance DJ ou encore sound design ;
- l’UCPA qui propose la formation Animateur musical et scénique, inscrite au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) ;
- le Centre de formation professionnelle de la musique (CFPM) qui propose des cursus longs ou des stages courts dans de nombreux domaines de la musique (MAO musiques électroniques, production sonore, mixage et mastering, technicien du son, etc.).
Les qualités pour être DJ
Le métier de disc jockey est exigeant et demande donc des qualités humaines spécifiques. En règle générale, vous devez :
- être passionné : les DJ sont avant tout des amoureux de la musique, de la production musicale et de la performance scénique. Ils considèrent davantage leur métier comme une passion que comme un métier et doivent donc y prendre du plaisir ;
- faire preuve de créativité : vous devez être créatif, notamment pour produire de nouveaux morceaux et imaginer les transitions entre différents sons. Cela demande d’ailleurs une grande culture musicale, allant au-delà des seules frontières de la musique électronique ;
- être polyvalent : le DJ peut être amené à performer dans de nombreux lieux différentes (discothèque, bar, salle de spectacle, festival, mariage, séminaire professionnel, etc.) et doit donc être en mesure de s'adapter à son public, notamment en proposant différents types de courants musicaux (électronique, techno, trap, etc.) ;
- être endurant : les prestations de DJ peuvent durer plusieurs heures, généralement la nuit ou au petit matin. Ce métier demande donc une bonne résistance physique pour pouvoir affronter ces conditions de travail.
Quel statut pour devenir disc jockey ?
Le DJ intermittent du spectacle
Le disc jockey indépendant peut tout d'abord opter pour le statut d'intermittent du spectacle. Il est alors considéré comme un artiste-interprète travaillant dans le domaine du spectacle, embauché généralement via un contrat de travail à durée déterminée d'usage (CDDU).
Pour bénéficier du statut d'intermittent du spectacle, vous devez remplir une condition principale : avoir travaillé au moins 507 heures dans le monde du spectacle au cours des 12 derniers mois. En tant qu'artiste, le décompte des heures de travail du DJ se fait sur la base des heures effectivement travaillées et/ou des cachets obtenus, ces derniers étant valorisés à hauteur de 12 heures par cachet.
Pour le DJ indépendant, le statut d’intermittent du spectacle offre un avantage principal : vous êtes indemnisé par France Travail pour vos périodes non travaillées. Cette allocation est au minimum de 44 € pour les artistes. En contrepartie, vous ne pouvez toutefois pas exercer votre activité avec le statut d’auto-entrepreneur car vous êtes assimilé à un salarié.
Bon à savoir
Lire aussi : Quelles activités sont autorisées et interdites en auto-entreprises ?
Le DJ micro-entrepreneur
Le statut d’intermittent du spectacle n’est pas adapté à tous les DJ indépendants, notamment car il faut atteindre 507 heures de prestations dans l’année, soit un peu plus de 42 cachets. La principale alternative consiste à créer une micro-entreprise pour diffuser de la musique. Toutefois, le statut d’auto-entrepreneur est généralement autorisé uniquement pour les DJ animateurs, intervenant dans le cadre de soirées privées.
En règle générale, le DJ auto-entrepreneur exerce une activité considérée comme commerciale, notamment car il dispose de son propre matériel (platines, etc.). Il est toutefois possible d’être assimilé à un professionnel libéral dans de rares cas, principalement si vos clients vous fournissent le matériel nécessaire à vos prestations.
Le DJ artiste-auteur
Bien que cela ne soit que rarement respecté, le DJ micro-entrepreneur ne peut pas exercer une activité artistique et/ou créative : c’est la raison pour laquelle il ne peut – en théorie – qu’avoir un rôle de DJ animateur. Par conséquent, il n’est pas censé pouvoir travailler pour des lieux disposant d'une licence d'entrepreneur du spectacle ou pour des événements mettant en avant son identité.
Pour y remédier, il est donc possible de devenir DJ avec le statut d’artiste-auteur. Ce statut est réservé aux individus qui créent des œuvres originales dans divers domaines, dont la musique par exemple. Il peut principalement vous concerner si vous êtes un DJ producteur par exemple.
Sauf exception, il n’est pas possible de cumuler le statut d’auto-entrepreneur et d’artiste-auteur. Par conséquent, votre activité dépend de la Sécurité sociale des artistes-auteurs (née de la fusion de l’Agessa et de la Maison des artistes) et vous êtes rémunéré par le biais des droits d’auteur.
Comment devenir DJ en auto-entreprise ?
1. Acheter du matériel de mixage
Vous devez consacrer un budget relativement conséquent à l’achat de matériel si vous souhaitez devenir DJ professionnel, y compris si les principaux équipements sont fournis par les établissements faisant appel à vos services. En règle générale, vous devez disposer :
- d'un ordinateur portable ;
- d'un casque audio ;
- d'enceintes ;
- d'un contrôleur et/ou de platines avec une table de mixage ;
- de logiciels MAO (musique assistée par ordinateur) et DWA (digital audio workstation).
2. Obtenir une licence d’entrepreneur du spectacle
En règle générale, le DJ doit obtenir un récépissé d'entrepreneur de spectacles, notamment si :
- vous exercez l'activité de DJ à titre principal ;
- vous réalisez plus de 7 représentations par an ;
- vous produisez et diffusez des spectacles.
En tant que DJ auto-entrepreneur, le récépissé a valeur de licence et vous permet donc d'exercer votre activité. Vous avez besoin :
- d'un récépissé de catégorie 2 si vous êtes producteur de spectacles ;
- d'un récépissé de catégorie 3 si vous êtes diffuseur de spectacles.
Pour obtenir le récépissé d'entrepreneur de spectacles vivants, vous devez être majeur et remplir au moins l'une de ces conditions :
- justifier d'une expérience professionnelle supérieure à 6 mois dans le domaine du spectacle vivant ;
- avoir réalisé une formation d'au moins 125 heures dans le spectacle vivant ;
- être diplômé de l'enseignement supérieur ou être titulaire d'un diplôme inscrit au RNCP.
Votre demande doit être déposée sur le site mesdemarches.culture.gouv.fr. Le récépissé est valable pendant 5 ans, période à l'issue de laquelle vous devez le renouveler.
3. Déclarer la création de votre auto-entreprise de disc jockey
Avant de proposer vos services à des bars ou discothèques, vous devez déclarer la création de votre auto-entreprise sur le guichet unique des formalités des entreprises : le portail e-Procédures. Une fois connecté, suivez les étapes suivantes pour choisir le statut de micro-entrepreneur :
- cliquez sur « Créer une entreprise » dans la rubrique « Création d'entreprise » ;
- sélectionnez « Entrepreneur individuel » à la question « Quelle est la forme de l'entreprise que vous souhaitez créer ? » ;
- cochez la case « Oui » à la question « Souhaitez-vous opter pour le statut micro entrepreneur ? ».
Vous accédez alors à un formulaire en ligne, dont vous devez remplir les différentes rubriques : identité de l'entreprise et de l'entrepreneur, composition, options fiscales, etc. Vous pouvez choisir l'activité de DJ dans la rubrique « Établissements ». Pour cela, il vous faut sélectionner les menus déroulants suivants :
- « Industrie et artisanat de fabrication » ;
- « Édition, informatique et télécommunication » ;
- « Production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision ; enregistrement sonore et édition musicale ».
Bon à savoir
Lire aussi : Comment créer une micro-entreprise ?
4. Vous immatriculer au RCS
Si vous l’exercez avec le statut de micro-entrepreneur, l’activité de DJ est considérée comme étant de nature commerciale, sauf si vos clients vous fournissent systématiquement tout le matériel nécessaire à vos prestations.
C’est pourquoi, vous avez l’obligation de vous immatriculer au Registre du commerce et des sociétés (RCS). Cette démarche peut être réalisée en même temps que votre déclaration de début d’activité. Vous pouvez également vous inscrire au RCS entre le mois qui précède votre début d'activité et celui qui le suit.
5. Déclarer votre activité à la Sacem
En France, la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) est en charge de la gestion des droits d'auteur dus aux auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Sa mission consiste principalement à collecter les droits suite à l'utilisation de musiques et à les reverser aux artistes concernés.
En tant que DJ, vous devez obligatoirement informer l'organisateur de l'événement que vous utilisez de la musique soumise à des droits d'auteurs dans le cadre de votre prestation, si tel est le cas. Votre client devra alors réaliser une déclaration à la Sacem et s'acquitter des droits d'auteur, quel que soit votre lieu d'intervention : une discothèque, une salle de concert, un bar ou encore un festival par exemple. En revanche, aucune déclaration n’est nécessaire si vous diffusez uniquement des morceaux que vous avez-vous-même produits.
Bon à savoir
6. Souscrire des assurances pour DJ
Vous n’avez aucune obligation d’assurance en tant que DJ, avec le statut d’auto-entrepreneur ou non. Malgré tout, certaines garanties peuvent s’avérer utiles pour protéger au mieux votre activité.
- Une assurance multirisque professionnelle : ce contrat permet notamment de couvrir votre matériel (ordinateur, platines, etc.) contre divers risques (vol, dommages, etc.), aussi bien à votre domicile, lors de vos prestations que lors du transport. Cette garantie est bien souvent essentielle en raison du coût élevé de votre équipement.
- Une assurance de responsabilité civile : la RC Pro vous assure en cas de dommages involontaires causés à un tiers. Par exemple, elle vous permet d’être couvert si vous blessez un spectateur lors d’une prestation.
- Une protection juridique : cette garantie vous couvre en cas de litige avec un tiers (client, spectateur, etc.). Elle vous permet notamment de bénéficier d’informations juridiques et de la prise en charge de vos frais en cas de procédure judiciaire.
7. Respecter les obligations du régime de l’auto-entreprise
Dès la création de sa micro-entreprise, le DJ indépendant doit se plier aux obligations du régime, notamment celles de nature administrative, comptable et fiscale.
- Déclarer votre chiffre d'affaires : vous devez réaliser une déclaration du chiffre d'affaires que vous avez encaissé sur le site ou l'application Auto-Entrepreneur de l'Urssaf. Cette formalité doit être effectuée tous les mois ou tous les 3 mois selon votre périodicité.
- Payer vos charges sociales : à l'issue de votre déclaration de chiffre d'affaires, vous devez vous acquitter de vos cotisations sociales. Elles correspondent à un certain pourcentage de votre chiffre d'affaires de DJ.
- Tenir un livre de recettes : ce document papier ou numérique vous permet de compiler tous les encaissements de vos clients de manière chronologique. Vous avez l'obligation de le tenir.
- Ouvrir un compte bancaire : si votre chiffre d'affaires est supérieur à 10 000 € pendant deux années de suite, vous avez l'obligation d'ouvrir un compte en banque dédié à votre micro-entreprise de DJ. Vous pouvez choisir un compte professionnel ou un simple compte courant.
- Faire une déclaration aux impôts : chaque année, vous devez joindre le formulaire 2042 C Pro à votre déclaration d'impôt sur le revenu. Ce document vous permet de déclarer le chiffre d'affaires réalisé en année N-1.
Lire aussi : Quelles sont les obligations d’un micro-entrepreneur ?
8. Développer votre micro-entreprise de disc jockey
En tant que DJ, il est essentiel de vous faire connaître pour décrocher des prestations. Pour cela, vous pouvez suivre certains conseils.
- Démarcher les organisateurs d'événements : selon votre notoriété et la nature de votre activité (animateur, producteur, remixer, etc.), vous pouvez contacter les clubs, les bars, les salles de concert, les radios ou encore les agences événementielles pour proposer vos services.
- Être visible en ligne : il est indispensable d'avoir une présence sur les réseaux sociaux, dont Instagram, Facebook, Tik Tok ou encore Soundcloud. Vous pouvez également vous créer un site Internet ou un profil Google My Business par exemple.
- Partager vos créations : les DJ peuvent principalement se faire connaître via la production et la diffusion de morceaux originaux. N’hésitez donc pas à partager les titres que vous avez créés et/ou joués lors d’une prestation, notamment par le biais de Soundcloud.
DJ en auto-entreprise : quelles particularités ?
Le plus souvent, l’activité de DJ exercée avec le statut d’auto-entrepreneur est de nature commerciale. Découvrez tout ce que cela implique au quotidien.
- Votre Centre de formalités des entreprises : votre CFE est la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). C'est l'organisme de référence pour toutes vos principales questions liées au régime de l'auto-entreprise.
- Votre organisme social : l'activité de DJ dépend de la Sécurité sociale des indépendants (SSI) au titre de sa protection sociale. Toutefois, ses missions sont déléguées à d'autres intervenants (CPAM, Cnav, Urssaf, etc.).
- Votre chiffre d'affaires : en tant que DJ, vous êtes plafonné à 77 700 € de chiffre d'affaires par an. Si vous dépassez pendant deux années de suite, vous sortez du régime de l'auto-entreprise.
- Votre TVA : par défaut, le DJ est en franchise de base de TVA. Cela signifie qu'il ne la facture pas à ses clients. Vous devenez toutefois redevable de la TVA dès lors que votre chiffre d'affaires annuel est supérieur à 37 500 €.
- Vos charges sociales : elles représentent 21,2 % de votre chiffre d'affaires de DJ. Si vous bénéficiez de l'Acre (Aide à la création ou à la reprise d'une entreprise), ce taux est toutefois réduit à 10,6 % durant votre première année d'activité.
- Le versement libératoire : cette option vous permet de payer l'impôt sur le revenu sur la base de votre chiffre d'affaires. Son montant représente 1,7 % de votre chiffre d'affaires car vous avez une activité commerciale.
Le DJ auto-entrepreneur en bref
Avant de débuter votre activité, retrouvez toutes les informations essentielles pour devenir DJ avec le statut d’auto-entrepreneur.
- Vous avez le choix entre 3 principaux statuts selon la nature de votre activité : DJ auto-entrepreneur, intermittent du spectacle ou artiste-auteur. Ces statuts ne sont généralement pas cumulables.
- Vous n’avez aucune obligation de diplôme, de formation, ni d’expérience pour devenir DJ.
- Vous devez généralement obtenir un récépissé d'entrepreneur de spectacles si vous réalisez plus de 7 prestations par an.
- Vos clients doivent réaliser une déclaration à la Sacem si vous diffusez de la musique protégée par le droit d’auteur.
- Votre code APE est généralement 59.20Z - Enregistrement sonore et édition musicale.
- Vous devez être immatriculé au RCS (Registre du commerce et des sociétés).
- Votre activité dépend de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI).
- Votre chiffre d'affaires est plafonné à 77 700 € par an.
- Vos cotisations sociales représentent 21,2% de votre chiffre d'affaires (10,6 % avec l'Acre).
- Le versement libératoire représente 1,7 % de votre chiffre d'affaires.
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