Le 8 mars, c'était la Journée internationale des droits des femmes. Une journée pour défendre l'égalité entre les femmes et les hommes en matière d’accès à l’emploi, de revenus, de formation… mais aussi d’entrepreneuriat. L’occasion de faire le point sur la place des femmes en auto-entreprise : leur proportion parmi les créateurs d’activités, les professions qu’elles occupent ou encore les aides auxquelles les auto-entrepreneures ont accès.
Bien qu’elles soient minoritaires parmi les créateurs d’auto-entreprises, les femmes sont sur-représentées dans certains secteurs d’activités et affichent une plus grande viabilité économique à 5 ans.
Selon les derniers chiffres de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), 724 900 entreprises individuelles ont été créées en 2021, dont 641 500 micro-entreprises. Or, toujours selon l’Insee, 41 % des créateurs d'entreprises individuelles étaient des femmes en 2021 (40 % sous le statut d’auto-entrepreneur). Ainsi, près de 300 000 femmes ont créé une entreprise individuelle en 2021, dont environ 257 000 sous le régime de l’auto-entreprise (1).
L'institut note toutefois que la proportion de femmes créatrices d'entreprises individuelles progresse peu depuis 2015. Preuve de cette évolution passée, elles représentaient 29 % des créateurs en 1987 et 33 % en 2000 (1).
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Bien qu'elles soient sous-représentées parmi les créateurs d'entreprises individuelles, les femmes affichent une activité plus pérenne : 1 auto-entreprise sur 4 créée par une femme est toujours active économiquement 5 ans après sa création, contre 1 sur 5 lorsque le créateur est un homme. Autre élément intéressant, la pérennité de l’activité est également plus forte lorsque l’auto-entrepreneur est en couple, qu’il s’agisse d’une femme ou d’un homme (2).
Une viabilité que l’Insee explique notamment par un taux de démarrage effectif de l'activité plus important : 72 % des créatrices débutent réellement une activité, contre seulement 62 % pour les hommes (2). Un élément positif, d'autant plus que seules 52 % des auto-entreprises étaient économiquement actives au 2nd trimestre 2022 (3).
Si les femmes auto-entrepreneures affichent une activité plus viable, c’est aussi pour une autre raison : elles sont majoritaires dans les secteurs les plus pérennes. À titre d’exemple, elles représentent :
A contrario, les femmes sont sous-représentées dans les secteurs d’activités considérés comme « masculins ». Elles ne représentent que 2 % des effectifs dans la construction, 10 % dans les transports et l’entreposage et 26 % dans l’information et la communication (1).
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Un autre élément explique pourquoi les femmes ne représentent « que » 40 % des créateurs de micro-entreprise. Comme nous l’avons vu, elles sont davantage représentées dans le secteur de la santé humaine, mais aussi du juridique, regroupant de nombreux métiers réglementés.
Or, la plupart de ces professions réglementées sont inéligibles au statut d’auto-entrepreneur. Les infirmières, avocates, médecins et autres masseuses-kinésithérapeutes ne peuvent donc pas lancer leur activité libérale en auto-entreprise.
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Toutes formes juridiques confondues, les créatrices d'entreprises sont plus diplômées que leurs homologues masculins (4). Malgré tout, leur principale motivation est d'exercer leur profession et d'assurer leur propre emploi. Dans la région des Pays de la Loire par exemple, c'est le cas pour 74 % des femmes, contre seulement 66 % pour les hommes, ces derniers mettant davantage en avant le goût d'entreprendre (5).
De plus, elles affichent un budget initial plus faible : toujours dans cette même région, 41 % des créatrices disposent d'un budget inférieur à 4 000 € au démarrage, contre seulement 28 % chez les hommes (5). Cet écart de moyen est également valable pour les seules entreprises individuelles : elles sont 58 % à dépenser moins de 1 000 €, contre 51 % pour les hommes (4). Une raison qui explique pourquoi elles s'appuient davantage sur l'aide de leur entourage que leurs homologues masculins.
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En plus des aides ouvertes à tous les micro-entrepreneurs (Acre, Arce, Nacre, etc.), les femmes auto-entrepreneures ont accès à certains dispositifs spécifiques pour favoriser la création et le développement de leur activité.
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L’entrepreneuriat au féminin, c’est aussi la bataille des mots. Mais en la matière, les premières concernées semblent encore être partagées. Si certaines emploient le terme « entrepreneuse » et son dérivé « auto-entrepreneuse » car cela permet de valoriser l’entrepreneuriat féminin, d’autres lui préfèrent « entrepreneure », plus discret à l’oral.
Pourtant, si l'on en croit les dictionnaires Larousse et Le Robert, seul le terme « entrepreneuse » existe. Une raison toute simple l'explique : les métiers dont le masculin finit par « eur » se déclinent en « euse » au féminin. De quoi mettre un terme au débat ? Pas si sûr car la réalité des usages est parfois plus importante que la grammaire.
Pour de nombreuses femmes, le féminin d'un mot masculin revêt parfois un double sens peu agréable. Carole-Anne Roland, créatrice du réseau GlowUp (anciennement Les Toulousaines Audacieuses), expliquait ainsi au journal Les Échos que le terme « entrepreneuse a davantage une connotation sexuelle ».
Pour sa part, Laurence Joly, co-fondatrice de Diag n'Grow, a opté pour l'autre option « quand je me dis entrepreneure, j'ai l'impression qu'on me traite de la même façon que mes homologues masculins. De plus, je me sens concernée quand quelqu'un parle des entrepreneurs de manière générale » (7). À chacune donc de faire son choix. Pour notre part, il est fait : ce sera auto-entrepreneure.
Sources :
(1) Essor des créations de sociétés et de micro-entrepreneurs en 2021 - Insee - 2022
(2) Le chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 croissait continûment avant la crise sanitaire - Insee – 2021
(3) Stat'ur conjoncture : Janvier 2023, n°357 - URSSAF – 2023
(4) Entrepreneuriat féminin : la parité avance à petits pas - Insee – 2021
(5) Les femmes représentent la moitié des actifs mais seulement trois créateurs d’entreprises sur dix - Insee - 2019
(6) Femmes entrepreneuses, quelles aides pour vous accompagner ? - Ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique - 2022
(7) Entrepreneuse ou entrepreneure : de l'importance du féminin… - Les Échos Entrepreneurs - 2020
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